« Renvoyer de pays en pays, de frontière en frontière, en faisant comme si ça ne concernait qu’un pays, qu’une société, c’est choisir l’impuissance », a estimé l’ancien ministre d’Emmanuel Macron, lors d’un entretien avec l’Association des journalistes parlementaires (AJP) à l’Assemblée nationale. Selon lui, « on est obligé, nous sommes contraints par l’urgence et la nécessité d’adopter une politique qui soit telle que les pays européens ne soient pas abandonnés à traiter chacun pour son compte un problème qui nous concerne tous ».
M. Bayrou a notamment appelé à « un accord européen qui fixe les règles, les fasse respecter et permette de partager le fardeau ».
« L’entente européenne n’est pas un choix, elle est une nécessité », a-t-il ajouté.
Alors que le sort de l’Aquarius, ce navire humanitaire en route vers l’Espagne avec 629 migrants, a suscité des réactions contrastées partout en Europe, le maire de Pau a estimé qu' »il y (avait) une attitude humanitaire dont aucun pays européen ne devrait pouvoir s’exonérer ».
Vise-t-il la France, dont l’attitude jugée « indifférente » a été dénoncée par plusieurs députés? « Si la situation concernait directement notre pays, nous ne nous exonérerions pas de nos responsabilités », a contesté le leader centriste, en affirmant par ailleurs que « le président de la République a la volonté de mettre (la question migratoire) au centre de la politique européenne ».
Interrogé sur l’attitude à adopter face au nouveau gouvernement italien, dominé par l’extrême droite de la Ligue et les populistes du Mouvement cinq étoiles, et qui a refusé que l’Aquarius débarque sur ses côtes, François Bayrou a fait valoir que « le gouvernement d’un État membre de l’Union européenne est nécessairement votre partenaire ».
Selon lui, la situation politique transalpine, qui a conduit au pouvoir une coalition marquée par un fort euroscepticisme, « est créée non pas par l’Union européenne, mais par le surendettement dans lequel ces États se trouvent », comparable à celle « dans laquelle se trouvait Alexis Tsipras » en Grèce en 2015, lui-aussi d’abord virulent vis-à-vis de l’UE.
« Or, Tsipras a été le premier à conduire le pays vers un nouvel équilibre », a encore souligné le président du MoDem.