« Ce n’est pas un problème de l’Espagne avec l’Italie, ou de l’Espagne avec la France, c’est un problème de l’Espagne avec elle-même », a déclaré la vice-présidente du gouvernement Carmen Calvo lors d’une conférence de presse à Valence où le bateau de l’ONG SOS Méditerranée doit arriver dans les prochains jours.
« Nous nous sommes comportés, d’abord comme nous l’oblige notre Constitution » par rapport au respect des traités internationaux et « parce que nous sommes (un membre de) l’Europe », a-t-elle répondu à un journaliste lui demandant si l’Espagne était prête à accueillir des milliers de migrants.
« La solution au problème n’est pas de se bagarrer entre nous, de se jeter les responsabilités de l’un vis-à-vis de l’autre », a déclaré pour sa part le ministre des Affaires étrangères Josep Borrell sur France 24 et RFI.
En accueillant les migrants de l’Aquarius, « le gouvernement espagnol a voulu faire un geste politique (…) C’est un coup d’éclat. L’Espagne ce qu’elle cherche avec ça, c’est précisément d’obliger l’Europe à faire une fois pour toutes une politique commune devant un problème commun », a-t-il encore dit.
Car « si on est pas capables de traiter de façon commune des frontières qui sont communes, il faut pas se faire d’illusions, c’est le système Schengen qui va s’écrouler », a mis en garde Josep Borrell.
L’Italie, gouvernée par une coalition incluant la Ligue (extrême droite), a fermement refusé d’accueillir les migrants secourus par l’Aquarius et son ministre de l’Intérieur Matteo Salvini a crié « victoire! » lorsque l’Espagne s’est proposée lundi pour les accueillir.
Le président français Emmanuel Macron a dénoncé en retour « la part de cynisme et d’irresponsabilité du gouvernement italien », déclenchant une crise diplomatique entre Paris et Rome.
M. Salvini a répondu en incitant la France à accueillir davantage de migrants, comme elle s’y était engagée en 2015. Malgré ces fortes tensions, le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a maintenu son rendez-vous vendredi à Paris avec le président Macron.
Les États membres de l’Union européenne s’étaient à l’époque engagés, devant l’arrivée massive de migrants vers le sud de l’Europe, à se les répartir pour relâcher la pression sur l’Italie et la Grèce, principaux pays d’arrivée.
Mais la plupart, dont la France et l’Espagne, ont été très loin de respecter leurs engagements.
Le gouvernement espagnol a également assuré jeudi que les passagers de l’Aquarius n’obtiendraient pas automatiquement le statut de réfugiés. Les situations seront examinées « au cas par cas » après des « entretiens personnels », a prévenu Carmen Calvo.
Certains demandeurs d’asile pourront être placés dans des centres de rétention en attendant l’examen de leur demande, a-t-elle ajouté, en dépit des critiques récurrentes d’associations de défense des droits de l’homme sur ces centres fermés.