Comme pour sa précédente pièce « Tristesses » – un thriller qui mettait en avant la montée du populisme -, la Belge choisit la forme du polar pour parler de la situation actuelle au Groenland, île autonome danoise située entre l’océan Arctique et l’océan Atlantique.
Riche en ressources naturelles mais sous-exploité, ce large territoire recouvert de glace aux trois quarts est menacé par le réchauffement.
Dans la pièce, située en 2025, sept personnages sont à bord de l' »Arctic Serenity », un ancien navire de croisière qui aurait dû contribuer au développement touristique du Groenland.
Mais le paquebot fut victime dix ans plus tôt d’un accident, provoquant la mort d’une militante écologiste qui dénonçait l’exploitation du Groenland par des multinationales minières et pétrolières.
Ayant répondu à une invitation mystérieuse, les personnages, qui portent tous une culpabilité dans l’accident, sont soudain abandonnés au milieu des eaux internationales et se rendent comptent qu’ils sont l’objet d’une vengeance.
Vandalem réussit le tour de force de « reconstituer » le bateau: la scène représente sa salle principale, tandis que l’action sur le pont et dans les couloirs est filmée dans les coulisses et visionnée en même temps sur un écran.
Le va-et-vient incessant des personnages entre les deux espaces crée une incroyable tension tout au long du spectacle non dénué d’humour et construit à la manière des « Dix petits nègres » d’Agatha Christie.
À un moment de la pièce, un énorme ours polaire en peluche débarque sur scène, menaçant.
« C’est une métaphore de cette nature qui se venge; cet ours qui est censé ne plus exister, revient pour reprendre son territoire », expliquait lors de la création de la pièce Anne-Cécile Vandalem, qui a visité le Groenland et interrogé habitants et chercheurs.
« La situation en Arctique est vraiment préoccupante, la répartition du territoire est en train de se faire entre les grandes puissances car c’est là que se trouvent les dernières richesses de la planète », disait-elle à l’AFP.
Le Groenland suscite aussi bien les appétits occidentaux, russes que chinois du fait de sa position géographique.
Les derniers indicateurs du réchauffement climatique montrent l’accélération d’un phénomène planétaire et disent l’urgence à agir.
En Arctique, l’étendue de la banquise est restée en-dessous de sa moyenne historique toute l’année. 2018 y a été la deuxième plus chaude depuis le début des relevés en 1900 (record en 2016). Dans cette région, la fonte du permafrost, les sols gelés des hautes latitudes, menace des infrastructures, dont des champs pétrolifères et gaziers.