L’entreprise de Milford Haven et ses 80 employés exécutent également un contrat d’équipement de navires de guerre pour le ministère britannique de la Défense, sur le site d’un chantier naval vieux de plus de 200 ans, qui a vu naître des navires de la famille royale.
En cas de divorce sans accord, « cette entreprise devra presque certainement fermer ses portes », déplore Stewart Graves en faisant visiter à l’AFP le site, Mainstay Marine Solutions, à l’extrême ouest du Pays de Galles.
« Ils sont prêts à nous laisser mourir », déplore le directeur général. « Nous sommes leaders mondiaux dans les technologies renouvelables et tout ça ne servira à rien! »
– « Dogme du Brexit » –
Mainstay Marine Solutions, qui se diversifie dans la conception de technologies d’énergie marémotrice, bénéficie de financements européens, comme nombre d’autres entreprises du Pays de Galles. Ces investissements visent à stimuler la croissance économique dans la région, une des plus défavorisées d’Europe.
Stewart Graves a toujours su qu’avec le Brexit, voté à 52,5% par les Gallois en 2016, ces flux s’arrêteraient. Mais il doute aujourd’hui que Londres prendra le relais de Bruxelles alors que le Premier ministre, Boris Johnson, a promis de quitter le club européen à tout prix, même sans accord pour amortir le choc.
Le constructeur naval serait particulièrement exposé à un divorce brutal. « Nous avons peu de chances de survivre en perdant 40% de notre activité et en n’ayant plus de débouché en Europe à cause des tarifs douaniers » qui seraient mis en place, s’indigne Stewart Graves, haussant la voix face au vacarme provoqué par le montage d’une turbine marémotrice.
« Si vous voulez vraiment rendre sa grandeur au Royaume-Uni, faites ce que Bruxelles est en train de faire et soutenez ces technologies neutres en carbone. Nous ne devrions pas les sacrifier au nom du dogme du Brexit », poursuit-il. « Il ne s’agit pas de subventionner une industrie mourante » mais « d’investir dans une technologie de pointe », souligne-t-il.
Le ministère des Entreprises, de l’Energie et de la Stratégie industrielle n’a pas donné suite à une demande de commentaire de l’AFP.
– Ports francs –
L’entreprise de Stewart Graves se trouve dans un des dix ports francs exemptés de taxes que Boris Johnson veut mettre en place afin de stimuler l’économie.
Le patron du port, Andy Jones, voit une certaine ironie à ce que de nouvelles initiatives commerciales émergent alors que le Royaume-Uni s’apprête à tourner le dos au reste de l’Europe.
« Il aura fallu le Brexit pour que soit reconnu le rôle primordial de l’industrie portuaire en matière commerciale », souligne-t-il, interrogé par l’AFP dans son bureau surplombant les cheminées d’une raffinerie située de l’autre côté de la baie.
« Le commerce mondial va continuer. C’est un peu un cliché, mais nous vivons sur une île. 95% de tous les échanges commerciaux du Royaume-Uni passent par les ports et cela ne va pas changer », ajoute-t-il.
Certains économistes ont mis en doute la capacité des ports francs à réellement encourager l’économie: sept avaient été mis en place entre 1984 et 2012 mais ils ont tous fini par fermer, faute de résultat probant.
Pas de quoi améliorer l’humeur morose qui règne à Milford Haven, d’autant plus que les autorités locales craignent également qu’un Brexit dur ne menace les 500 emplois de la raffinerie du groupe américain Valero.
Car, comme cinq autres installations similaires, la raffinerie a prévenu que ses activités pourraient être menacées par des taxes sur les importations de carburants qui leur feraient perdre leur avantage compétitif.
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VALERO ENERGY CORPORATION