Cette pêche traditionnelle uniquement pratiquée à des fins récréatives est autorisée du 26 décembre au 18 février mais la durée de la saison dépend en réalité des températures et de l’arrivée du froid.
Cette année, le coup d’envoi n’a été donné que le 15 janvier, à Sainte-Anne-de-la-Pérade, à 90 kilomètres au sud de la ville de Québec.
Impossible en effet de commencer sans une épaisseur minimum de 30 centimètres de glace.
« On est dans le top 5 des saisons les plus tardives », assure Steve Massicotte de l’Association des centres de pêche et chasse (appelés « pourvoiries ») de la rivière Sainte-Anne.
Avec trois semaines de moins, les « retombées (touristiques) diminuent de moitié » pour la région, tombant à trois millions de dollars canadiens, souligne-t-il. Les centres de pêche essuient aussi des « pertes importantes » faute de pouvoir louer leurs cabanes chauffées où sont fournis lignes et appâts.
Les températures hivernales ont été plus douces dans l’ensemble de la province francophone, privant les Québécois de neige pour Noël: en décembre et janvier, elles se situaient en moyenne 4 degrés Celsius au-dessus des normales de saison, selon le ministère de l’Environnement.
A l’intérieur d’une des cabanes, Alexandra St-Yves, Québécoise de 27 ans, donne un coup sec sur la ligne de pêche puis remonte en quelques instants sa prise attrapée sous la glace: un petit poisson a mordu.
« Quand on voit que la ligne bouge, on est heureux ! », s’extasie cette doctorante en anthropologie, qui vient tous les ans en famille depuis l’enfance. « Il y a des années où l’on pêche plus de mille poissons » sur la journée, assure-t-elle.
Christian Hivon, qui a pris la relève de son père au centre de pêche, raconte les hivers en « dents de scie » qui l’empêchent d’ouvrir pendant la période des fêtes, lui faisant perdre « un minimum de 25% » des revenus qu’il tire de cette activité.
« Des solutions, il n’y en a pas beaucoup parce que si on n’a pas de glace, on ne peut pas installer de cabanes », soupire cet homme aux cheveux gris. « On ne peut pas se battre contre la nature. »
Cette pêche aux petits poissons des chenaux, ou petite morue, attire habituellement environ 100.000 visiteurs à Sainte-Anne-de-la-Pérade, essentiellement des Québécois mais aussi des touristes venus de loin, comme des Chinois et Russes.
Amateur venu avec famille et amis, Simon Provencher, 36 ans, se réjouit: « On attrape beaucoup plus facilement des poissons ici qu’à la vraie pêche ». « Ça mord tout seul! ». Quand la météo le permet.