Les tensions actuelles qui ont amené les pêcheurs français à une démonstration de force devant l’île anglo-normande de Jersey ont pour origine le Brexit, qui est venu rebattre les cartes du droit de pêche des Européens dans les eaux britanniques.
Trois précédentes « guerres du poisson » avaient pour origine des différends sur l’étendue des eaux territoriales, la taille des quotas et la période de pêche:
– Guerre de la morue –
La guerre de la morue commence en 1958 après l’extension unilatérale par l’Islande de ses eaux territoriales.
La zone exclusive de cette île située au nord-ouest des îles britanniques, passe de trois à 12 milles nautiques.
Pour Reykjavik, le but est de protéger ses eaux poissonneuses où les pêcheurs britanniques ont pris l’habitude de venir poser leurs chaluts.
Cette guerre entre pêcheurs britanniques et garde-côtes islandais est violente, avec éperonnages, destructions de filets et coups de canon.
Avec plusieurs épisodes et de nombreux incidents, elle culmine dans la première moitié des années 70.
La Royal Navy est dépêchée pour escorter et protéger les chalutiers britanniques.
C’est l’intervention des Etats-Unis, alors que le conflit menace la pérennité de son importante base navale de Keflavik, au sud de l’île volcanique, qui met fin à ce conflit.
Londres finit par accepter en 1976 l’extension de la zone économique exclusive de l’Islande, finalement portée à 200 milles nautiques.
– Guerre du maquereau –
Beaucoup plus récente, la guerre dite du maquereau découle de la décision unilatérale de l’Islande et des îles Féroé de relever en 2010 leurs quotas de pêche pour le poisson bleu, arguant du fait que les poissons ont migré plus au nord en raison du changement climatique.
Premiers impactés par cette décision, les pêcheurs écossais et irlandais protestent vigoureusement et obtiennent le soutien de Bruxelles.
Le différend a pour conséquence de geler le processus d’adhésion de l’Islande à l’Union européenne et de provoquer des tensions avec les îles Féroé, territoire qui dépend du Danemark mais qui gère de manière autonome ses ressources halieutiques.
– La guerre de la coquille Saint-Jacques –
Tout comme les actuelles tensions, la guerre de la coquille Saint-Jacques a pour décor les côtes normandes.
Plusieurs altercations ont lieu en baie de Seine entre pêcheurs britanniques et français en 2018 au sujet de la récolte du précieux coquillage.
Les marins français reprochent aux Britanniques de venir avec des petits bateaux récolter les coquilles n’importe quand dans l’année, exploitant en cela une faille dans un précédent accord, alors qu’eux ne le peuvent que du 1er octobre au 15 mai.
Les hostilités cessent en septembre 2018 après la signature d’un compromis entre les deux parties.