L’opération vise à démontrer la force et la flexibilité de l’armée américaine: des F18 et des avions de soutien déployés sur le Truman ont réalisé 50 sorties de combats entre vendredi et lundi soir.
Trente-cinq de ces sorties ont donné lieu à des frappes sur la Syrie et l’Irak, selon le porte-parole du bâtiment, le lieutenant Tim Pietrack.
Il s’est agi à chaque fois d’un soutien aérien aux combattants au sol, et non pas d’attaques directes contre une cible précise comme la destruction en janvier d’une banque utilisée par l’EI à Mossoul, dans le nord de l’Irak.
Les bombes ne visent pas toujours à tuer ou détruire: certaines dispersent des tracts destinés à soutenir le moral des combattants anti-EI ou à prévenir les civils d’attaques imminentes dans les environs.
Depuis que le Truman a franchi le canal de Suez, toutes les bombes létales ont été des missiles de 225 kg à guidage laser ou GPS, a expliqué le responsable de l’armement sur le porte-avion, Jim McDonald.
« Une bombe intelligente de 225 kg, on peut la faire exploser dans un salon si on veut, plutôt que de faire sauter toute la maison », a expliqué le « Gun Boss » du bateau. Par opposition, le raid contre la banque à Mossoul, dans lequel l’EI a perdu des millions de dollars, a été mené avec plusieurs bombes de près d’une tonne.
Les dernières opérations portent à plus de 1.450 le nombre de bombes larguées par des avions opérant à partir du Truman depuis qu’il a quitté Norfolk, dans l’est des Etats-Unis, pour le Golfe à la mi-novembre.
– Plus de frappes en Syrie –
Cet immense porte-avion à propulsion nucléaire, qui compte plus de 70 appareils aériens et 5.500 membres d’équipage, devait rentrer à la mi-juin. Mais sa mission a été prolongée d’un mois dans le cadre des opérations visant à frapper directement l’EI, à détruire ses sources de revenus et à encourager ses opposants.
Cette prolongation participe de la pression qui s’est récemment accentuée sur l’EI, lui faisant perdre près de la moitié des territoires que l’organisation a un temps occupés en Irak.
Mais le choix de déplacer le Truman en Méditerranée orientale est moins clair.
Selon des experts, les Etats-Unis ont peut-être voulu signaler à la Turquie qu’ils pouvaient peser en Irak et en Syrie sans forcément utiliser ses bases aériennes. Cette démonstration de force pourrait également servir à impressionner la Russie, également engagée en Syrie.
Opérer depuis la Méditerranée pourrait aussi fournir une expérience utile en cas d’engagement plus actif contre les bastions de l’EI en Libye. « Cela pourrait arriver mais ce n’est pas la raison pour laquelle nous sommes là maintenant », a assuré le commandant de l’opération, l’amiral Bret Batchelder.
Le passage du Golfe à la Méditerranée « est l’illustration du fait que nous pouvons opérer n’importe où nous voulons dans le monde, a-t-il ajouté.
Quant aux opérations contre l’EI, « je pense qu’on fait le boulot. Pas seulement nous, mais l’ensemble des 65 pays participant à la coalition ».
En plus d’offrir à l’équipage un répit après la chaleur étouffante du Golfe, le passage en Méditerranée a aussi permis aux pilotes de mener plus de missions en Syrie qu’auparavant, a expliqué l’amiral.
« C’est juste une question de proximité et de gestion des forces (…) mais nous soutenons aussi les mêmes zones que lorsque nous étions dans le golfe Persique », a-t-il assuré.