Mais pour devenir plus qu’un symbole, Mariel et sa zone franche devront surmonter un handicap majeur : le manque d’investissements et le sévère embargo financier et commercial imposé depuis un demi-siècle par Washington à la Cuba communiste.
Mariel, célèbre pour avoir été le théâtre d’un exode massif de Cubains en 1980, est le premier « mégaport » des Caraïbes et mise sur l’extension du canal de Panama, prévu en 2015, pour servir de point de distribution des marchandises venues d’Asie vers l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Afrique.
Plus grand projet d’infrastructures jamais lancé à Cuba, le port de Mariel couvre 465 km2, avec sa zone d’entreprises.
Construit par le groupe brésilien Odebrecht grâce à un crédit brésilien de 600 millions de dollars, il a été inauguré lundi en présence de la présidente brésilienne Dilma Rousseff, en marge du 2e sommet de la Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes (Celac), dont Cuba a assumé la présidence en 2013.
« Le Brésil est fier de s’associer à Cuba dans ce projet, le premier grand port terminal de conteneurs des Caraïbes », a affirmé la présidente brésilienne après avoir coupé le ruban d’inauguration aux côtés de son homologue cubain Raul Castro.
Le port sera géré par l’entreprise PSA International, de Singapour, qui gère déjà certains des plus grands ports du monde.
Mariel est destiné à recevoir en provenance d’Asie les navires « Postpanamax » qui peuvent transporter jusqu’à 12.000 conteneurs, avant d’en redistribuer les marchandises à travers l’Atlantique.
Et permettre à Cuba de renouer avec la tradition de centre commercial névralgique qu’elle occupait à l’époque de l’empire colonial espagnol en Amérique latine.
A terme, le port et ses 2.400 mètres de quais devrait permettre de traiter un million de conteneurs par an. Une zone franche est prévue pour accueillir les investisseurs étrangers, qui devraient bénéficier de nouvelles conditions avec une loi qui doit sortir en mars.
Les autorités cubaines ont indiqué qu’elles visaient une clientèle d’entreprises de haute technologie, notamment dans l’agro-industrie, la biotechnologie et l’informatique.
Selon la directrice de la Zone de Développement spécial (ZED) de Mariel, Ana Igarza, « des propositions d’investissements » ont déjà été présentées par des entreprises du Brésil, du Mexique, d’Argentine, du Chili et de la République dominicaine.
Une base logistique est déjà en place pour les entreprises étrangères de recherche pétrolière. Une autoroute et une voie ferrée reliant le port à La Havane sont encore en construction.
Mais tous ces projets nécessitent des capitaux qui font encore cruellement défaut à Cuba, notamment en raison de l’embargo américain qui réduit considérablement les candidats au marché cubain.
« Il nous faut des investissement de l’ordre de 3 milliards de dollars par an », a récemment jugé l’économiste cubain Juan Triana, de l’université de La Havane.
Les efforts d’ouverture lancés par Fidel Castro dans les années 90, après la chute de l’empire soviétique, n’ont pas donné les résultats espérés et le nombre d’entreprises étrangères opérant à Cuba est en forte réduction, diminué de moitié ces dernières années.
Une séance extraordinaire du Parlement a été convoquée en mars pour approuver une nouvelle loi sur les investissements étrangers, qui devrait notamment prévoir la fin des joint-ventures avec des entreprises cubaines qui est jusqu’à présent la règle pour tout investisseur étranger.