Banane: pourvoi contre la suspension de l’épandage aérien en Guadeloupe (Lurel)

Cet épandage de fongicide avait été autorisé mi-juillet, à titre dérogatoire et pour une durée de 6 mois, afin de lutter contre la cercosporiose noire, un champignon parasite qui s’attaque aux feuilles de bananiers et met gravement en péril la production bananière des Antilles depuis plusieurs mois.

Il avait été suspendu sur décision du tribunal administratif (TA) de Basse-Terre le 3 octobre, dans une procédure en référé introduite par trois associations de défense de l’environement.

Le juge a fondé sa décision sur la présence d’un adjuvant (banole) inclus dans les produits d’épandage qui n’a pas fait l’objet d’une évaluation spécifique pour une utilisation dans un cadre aérien.

Interrogé mercredi lors d’une rencontre avec les journalistes parlementaires à Paris, Victorin Lurel a dit: « Oui, je me pourvois en cassation (pour la décision de Guadeloupe). Deuxièmement, nous reportons l’arrêté préfectoral pour respecter la décision du tribunal et troisièmement, nous demandons au préfet de reprendre un arrêté excluant le banole », afin de pouvoir continuer l’épandage du fongicide dans les conditions prévues par le juge.

Mardi soir, le tribunal administratif de Fort-de-France a statué dans le même sens à la demande d’associations, suspendant un arrêté préfectoral d’août permettant aussi l’épandage aérien de ce même mélange de bouillies fongicides et de banole.

« Concernant l’ordonnance rendue en Martinique, les services juridiques sont en train d’analyser un éventuel recours », a-t-on indiqué mercredi au ministère des Outre-mer.

Victorin Lurel, qui a quitté ses fonctions de président du conseil régional de Guadeloupe cet été, a démenti avoir « subi la pression de lobbys » de producteurs de bananes, assumant en même temps « défendre nos activités » économiques.

En Guadeloupe et en Martinique, la banane représente 10.000 emplois dont 6.000 directs. Le secteur compte environ 600 exploitations dont les deux tiers en Martinique.

Par ailleurs, la filière banane des Antilles vient d’obtenir une aide européenne de 18 millions d’euros, ont indiqué mercredi M. Lurel et Stéphane Le Foll (Agriculture), dans un communiqué.

Cette somme est la quote-part de la France dans l’enveloppe de 40 M EUR, destinée à compenser pour la France, l’Espagne et le Portugal la baisse des droits de douanes à l’importation de bananes d’Amérique latine.

Cette aide « va permettre aux planteurs de bananes d’accélérer leurs travaux pour la recherche d’alternatives au traitement aérien de lutte contre la cercosporiose noire », ajoutent les deux ministres, qui « effectueront une visite conjointe aux Antilles dans les prochains mois ».

Selon MM. Lurel et Le Foll, « cette enveloppe permettra en particulier d’accompagner, dès 2012, les mesures techniques, environnementales, sociales et de sécurité alimentaire prévues par le plan banane durable », signé en 2008 qui vise à réduire de 50% d’ici 2013 l’usage de pesticides.

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