La Convention de l’ONU sur la biodiversité biologique (CBD) travaille à l’adoption d’un vaste plan pour « vivre en harmonie avec la nature » à l’horizon 2050, avec des objectifs intermédiaires pour 2030.
Le temps presse: un million d’espèces animales et végétales pourrait disparaître et la mauvaise santé des écosystèmes menace les hommes. Malgré cette urgence, les Etats n’ont pas tenu leurs engagements pour inverser la tendance sur la décennie 2010-2020.
Les nouveaux engagements pour 2020-2030 auraient dû être négociés à Kunming, en Chine, lors de la COP15 biodiversité en octobre 2020, mais la pandémie du Covid-19 en a voulu autrement. La réunion a été décalée d’un an et pourrait encore être ajournée à 2022, selon des sources proches du dossier.
Ce document comporte 21 cibles à atteindre en 2030 pour réduire les menaces pesant sur la biodiversité, répondre aux besoins des populations à travers une gestion durable et équitable des ressources naturelles et des outils pour effectivement mettre en place ces mesures.
ONG et observateurs sont mitigés.
« C’est une bonne surprise, une amélioration par rapport aux versions précédentes du texte », commente Aleksandar Randovic, qui suit les négociations de la CBD à l’IDDRI, un think tank français, à l’AFP.
« Si ce brouillon survit aux négociations, le monde aura un plan solide pour agir pour la biodiversité », renchérit Oscar Soria, du mouvement Avaaz.
Pour WWF en revanche, la version actuelle « manque de l’ambition et de l’urgence nécessaire pour inverser la perte de la biodiversité ». « La perte des espèces est irréversible et devrait être une priorité », illustre Guido Broekhoven, quand le texte ne parle que de réduire le taux de leur disparition.
– Eviter les voeux pieux –
Une des cibles proposées pour mieux protéger la nature est de s’assurer « qu’au moins 30% des espaces terrestres et des espaces maritimes au niveau mondial (…) sont conservés à travers (…) des systèmes d’aires protégées » et d’autres mesures de protection.
Une coalition portée par la France et le Costa Rica avance cette mesure. Elle suscite en revanche des réticences chez des peuples autochtones qui craignent de se faire déposséder de leurs terres.
Cette nouvelle mouture du texte prend toutefois mieux en compte les droits des peuples autochtones et des communautés locales, saluent l’IDDRI et le WWF.
Un autre objectif vise à baisser la pollution à des niveaux qui ne soient pas dommageables pour la nature et la santé humaine, en particulier en réduisant les pertes d’engrais dans l’environnement « d’au moins 50% » et les pertes de pesticides d' »au moins deux-tiers », ainsi que la pollution plastique.
Cette formulation tient compte des disparités à l’échelle mondiale, avec des régions comme l’Europe ou la Chine où les engrais et pesticides sont utilisés en excès, quand d’autres sont déficitaires, explique Aleksandar Rankovic.
La CBD entend contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 10 gigatonnes d’équivalent CO2 par an, tout en s’assurant que la lutte contre le changement climatique n’est pas d’impacts négatifs sur la biodiversité.
Le texte aborde aussi la question des financements. Les subventions néfastes pour l’environnement devraient être réduites d’au moins 500 milliards de dollars par an. Parallèlement, les financements en faveur de la biodiversité doivent augmenter à « au moins 200 milliards de dollars par an », avec une orientation d’une partie des fonds vers les pays en développement.
La partie finale du texte présente des grands principes pour la mise en oeuvre effective des mesures proposées, pour éviter qu’elles restent des voeux pieux. « Cette section du texte est très faible », regrette Guido Broekhoven. Pour Aleksandar Randovic, « ce volet doit encore être développé, ce sera l’objet des prochaines discussions », qui se tiendront en ligne fin août.