L’accord du Brexit « écrase » l’accord de la Baie de Granville, signé en 2000, et qui garantissait l’accès des pêcheurs bretons et normands aux eaux territoriales de Jersey ainsi qu’une gestion commune de la ressource halieutique.
« Pour nous, c’est une catastrophe. Et quand je dis catastrophe, le mot est faible. L’accord, c’est 100% de l’activité pour beaucoup de bateaux », a lancé Éric Leguelinel, vice-président du comité régional des pêches de Normandie, lors d’une table ronde avec la ministre à Granville (Manche).
« Depuis le 26 décembre, je ne dors plus », a-t-il ajouté, affirmant avoir déjà vécu l’accord de la Baie de Granville, négocié pendant huit ans, comme « une diminution considérable de mes droits ». « Avant, on pouvait pêcher partout », a rappelé le marin.
« On a 90 jours pour sauver éventuellement un nouveau traité », lui a répondu la ministre. « La France a déjà signalé à la Commission européenne que nous souhaitions réactiver ce traité de la Baie de Granville en l’état ».
A l’heure actuelle, Jersey refuse de réactiver le traité « en l’état », selon Mme Girardin.
« On a intérêt à se mettre en ordre de bataille immédiatement, à faire des propositions (…) Le combat ne fait que commencer », a-t-elle ajouté, évoquant une « task force administrative et professionnelle ».
D’après le comité des pêches, une centaine de navires normands dépendent des eaux de Jersey au jour le jour.
A l’issue de la réunion, M. Leguelinel s’est dit satisfait. « On a un message clair qui va dans le sens de nos attentes », a-t-il dit.
L’accord de la Baie de Granville délimitait un secteur de mer commun chevauchant les eaux territoriales des deux pays, où les pêcheurs français et jersiais avaient accès à la ressource halieutique sur un pied d’égalité. Cette ressource était gérée conjointement dans le cadre d’une commission mixte.