Le Britannique s’est rendu à la résidence de l’ambassadeur britannique auprès de l’UE, a constaté une journaliste de l’AFP. Il doit dîner avec Mme von der Leyen à 20H00 (19H00 GMT), avec une dizaine de convives, dont les négociateurs britannique, David Frost, et européen, Michel Barnier.
Cette rencontre au sommet intervient à trois semaines à peine de la rupture définitive entre Londres et l’Union européenne, après des mois de pourparlers sans progrès et face à la menace accrue d’un échec aux lourdes conséquences économiques.
L’objectif du rendez-vous, à la veille d’un sommet européen à Bruxelles, est de voir si les blocages les plus importants peuvent être levés mais « pas de ficeler de manière définitive la négociation », a souligné Bruxelles. Une annonce d’un arrêt des discussions, bien que peu probable, ne peut être exclue.
Le Britannique a estimé mercredi encore possible d’arriver à un « bon accord », malgré les exigences de Bruxelles qu' »aucun Premier ministre ne devrait accepter ».
Quelle que soit l’issue des négociations, il promet que son pays –qui a officiellement quitté l’UE le 31 janvier dernier– « sera prêt » le 31 décembre, quand il quittera définitivement l’union douanière et le marché unique.
– « Elan politique » –
« Le Premier ministre va essayer ce soir d’insuffler un élan politique au processus », a expliqué sa porte-parole Allegra Stratton. En cas de succès, David « Frost et les équipes de négociation reprendront leurs discussions dans les prochains jours », a-t-elle ajouté.
La chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays occupe la présidence tournante de l’UE, veut croire elle aussi qu’il existe « encore une chance ». Mais le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, dont le pays sera en première ligne du choc annoncé en fin d’année, s’est montré très prudent, jugeant qu’un échec reste « une réelle possibilité à ce stade ».
Les deux camps ont en tout cas affiché des positions très fermes à la veille de la rencontre.
L’UE ne sacrifiera « jamais (son) avenir » pour un accord post-Brexit au prix de concessions qui fragiliseraient son grand marché unique, a prévenu Michel Barnier.
« Nos amis doivent comprendre que le Royaume-Uni a quitté l’UE pour pouvoir exercer un contrôle démocratique », a averti Boris Johnson, qui retrouvera une ville où il avait été le correspondant du Daily Telegraph dans les années 90.
Londres et Bruxelles buttent toujours sur trois sujet, les mêmes depuis mars: l’accès européen aux eaux britanniques, la manière de régler les différends dans le futur accord et les garanties exigées de Londres par l’UE en matière de concurrence en échange d’un accès sans droits de douanes ni quotas à son marché.
Lors d’un entretien téléphonique lundi soir, M. Johnson et Mme von der Leyen en avaient été réduits à constater que les conditions d’un accord de libre-échange n’étaient toujours « pas réunies ».
– « Nous saurons dire non » –
La question des conditions de concurrence équitable est la plus épineuse, mais « pas la seule » à résoudre, a souligné une source européenne.
L’Union européenne, qui redoute de voir surgir une économie dérégulée à sa porte, veut que Londres s’engage dans la durée à respecter une certaine convergence sur l’environnement, le droit du travail, la transparence fiscale ou les aides publiques. Les Britanniques s’y refusent, au nom de leur souveraineté retrouvée.
« Nous devons avoir des conditions équitables, non seulement pour aujourd’hui, mais aussi pour demain et après-demain », a résumé Angela Merkel.
En réponse, la porte-parole de M. Johnson a souligné que le Royaume-Uni avait « clairement indiqué » son intention de maintenir « des normes élevées ». Mais les Européens veulent des garanties.
La rencontre de Bruxelles se déroulera à la veille d’un sommet des Vingt-Sept, où le Brexit constituera l’un des sujets chauds.
La France a averti qu’elle mettrait son veto à un accord qui sacrifierait ses pêcheurs. « Nous saurons dire non s’il faut dire non », a répété la ministre française de la Mer, Annick Girardin.
En cas d’échec, les échanges entre Londres et l’UE se feront dès le 1er janvier selon les seules règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas, au risque d’un nouveau choc pour des économies déjà fragilisées par le coronavirus.
S’il est conclu, l’accord commercial – de plus de 700 pages – devra encore être ratifié par les Parlements britannique et européen avant d’entrer en vigueur, une gageure vu le peu de temps qui reste.
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