Le Britannique est arrivé à la Commission européenne aux alentours de 20H00 (19H00 GMT), a constaté un journaliste de l’AFP. Il devait d’abord s’entretenir en tête-à-tête avec Mme von der Leyen, avant de dîner en présence d’une dizaine de convives, dont les négociateurs britannique, David Frost, et européen, Michel Barnier.
Les deux dirigeants ont brièvement enlevé leurs masques anti-Covid, le temps d’une photo devant les drapeaux britannique et européen, avant de lancer « Allons-y ! » en français, sourire aux lèvres.
Cette rencontre au sommet intervient à trois semaines à peine de la rupture définitive entre Londres et l’Union européenne, après des mois de pourparlers sans progrès et face à la menace accrue d’un échec aux lourdes conséquences économiques.
L’objectif du rendez-vous, à la veille d’un sommet européen à Bruxelles, est de voir si les blocages les plus importants peuvent être levés mais « pas de ficeler de manière définitive la négociation », a souligné Bruxelles. L’annonce d’un arrêt des discussions ne semblait pas à l’ordre du jour.
« Il est beaucoup plus probable que le mandat soit de nouveau donné aux négociateurs pour poursuivre les négociations », estime l’Elysée. « Je pense qu’il peut y avoir un accord en début de semaine prochaine après une conclusion ce week-end », a même assuré un ministre français, sous couvert de l’anonymat.
– « Encore une chance » –
Boris Johnson – qui retrouve une ville où il avait été le correspondant du Daily Telegraph dans les années 90 – a estimé mercredi encore possible d’arriver à un « bon accord », malgré les exigences de Bruxelles qu' »aucun Premier ministre ne devrait accepter ».
Quelle que soit l’issue des négociations, il promet que son pays – qui a officiellement quitté l’UE le 31 janvier dernier – « sera prêt » le 31 décembre, quand il quittera définitivement l’union douanière et le marché unique.
« Le Premier ministre va essayer ce soir d’insuffler un élan politique au processus », a expliqué sa porte-parole Allegra Stratton. En cas de succès, David « Frost et les équipes de négociation reprendront leurs discussions dans les prochains jours », a-t-elle ajouté.
La chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays occupe la présidence tournante de l’UE, veut croire elle aussi qu’il existe « encore une chance ».
Londres et Bruxelles buttent toujours sur trois sujets, les mêmes depuis mars: l’accès européen aux eaux britanniques, la manière de régler les différends dans le futur accord et les garanties exigées de Londres par l’UE en matière de concurrence en échange d’un accès sans droits de douanes ni quotas à son marché.
La question des conditions de concurrence équitable est la plus épineuse, mais « pas la seule » à résoudre, a souligné une source européenne.
– Sujet chaud –
L’Union européenne, qui redoute de voir surgir une économie dérégulée à sa porte, veut que Londres s’engage dans la durée à respecter une certaine convergence sur l’environnement, le droit du travail, la transparence fiscale ou les aides publiques. Les Britanniques s’y refusent, au nom de leur souveraineté retrouvée.
« Nous devons avoir des conditions équitables, non seulement pour aujourd’hui, mais aussi pour demain et après-demain », a résumé Angela Merkel.
En réponse, la porte-parole de M. Johnson a souligné que le Royaume-Uni avait « clairement indiqué » son intention de maintenir « des normes élevées ». Mais les Européens veulent des garanties.
La rencontre de Bruxelles se déroulera à la veille d’un sommet des Vingt-Sept, où le Brexit constituera l’un des sujets chauds.
La France a averti qu’elle mettrait son veto à un accord qui sacrifierait ses pêcheurs. « Nous saurons dire non s’il faut dire non », a répété la ministre française de la Mer, Annick Girardin.
En cas d’échec, les échanges entre Londres et l’UE se feront dès le 1er janvier selon les seules règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas, au risque d’un nouveau choc pour des économies déjà fragilisées par le coronavirus.
S’il est conclu, l’accord commercial – de plus de 700 pages – devra encore être ratifié par les Parlements britannique et européen avant d’entrer en vigueur, une gageure vu le peu de temps qui reste.
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