« Le bras de fer n’est pas perdu, la négociation n’est pas terminée et je pense qu’il n’est justement pas temps d’annoncer aujourd’hui un plan de sortie de flotte (…). Je ne peux pas entendre qu’on s’embarque dans un plan massif de destruction de bateaux », a déclaré à la presse le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard.
Une sortie de flotte fait référence à des bateaux qui resteraient in fine à quai.
« Aujourd’hui on respecte les quotas, on respecte les normes environnementales. Nous avons une des pêches les plus durables du monde et on ne peut pas dire à nos marins pêcheurs qui respectent tout cela qu’on va oublier ce qui vient de se passer, qu’on va baisser le pavillon et qu’on va détruire les bateaux », a-t-il martelé.
La ministre de la Mer Annick Girardin a annoncé dans la matinée que « sans préjuger des suites de la négociation », elle avait demandé « à la DPMA (Direction des pêches) de [lui] proposer, en relation avec les professionnels, une estimation des plans de sortie de flotte », précisant qu' »une enveloppe de 40 à 60 millions d’euros » pourrait « être mise sur la table ».
Très remonté, le président du comité régional des pêches de Bretagne, Olivier Le Nezet, a estimé qu’une telle enveloppe pourrait correspondre à l’indemnisation d' »une centaine de bateaux ».
« Quel message envoie le gouvernement? Ce message dit qu’il vaut mieux être en dehors de l’Europe que dedans », a-t-il déclaré à l’AFP.
Paris et Londres sont en conflit sur ce dossier depuis de long mois.
En vertu de l’accord de Brexit signé fin 2020 entre Londres et Bruxelles, les pêcheurs européens peuvent continuer à travailler dans les eaux britanniques à condition de pouvoir prouver qu’ils y pêchaient auparavant. Mais Français et Britanniques se disputent sur la nature et l’ampleur des justificatifs à fournir.
Dans les zones encore disputées, les gouvernements de Londres et des îles anglo-normandes ont accordé à ce jour près de 220 licences définitives. La France, qui a réduit ses exigences, réclame encore quelque 150 licences.
« Il faut que la diplomatie, que la capacité à négocier et à faire en sorte que cet accord soit respecté soit assumé jusqu’au bout parce que vous savez comme moi que si on lâche la-dessus il y aura d’autres sujets », a encore dit le président de région.