Selon la marine ukrainienne, des garde-frontières russes ont percuté dimanche un de ses remorqueurs en mer Noire au large de la Crimée, annexée en 2014 par Moscou, dans le cadre « d’actions ouvertement agressives contre des navires ukrainiens ».
L’Ukraine affirme que l’incident a eu lieu alors que trois de ses navires – dont deux petits navires de guerre – se dirigeaient vers le port ukrainien de Marioupol, sur la mer d’Azov, zone de fortes tensions entre les deux pays, située au nord de la Mer Noire.
Les services de sécurité russes (FSB), chargés de la surveillance du service des garde-frontières, affirment pour leur part que les navires ukrainiens étaient « entrés illégalement dans une zone temporairement fermée des eaux territoriales russes » et auraient mené des « actes de provocation » dans un « but clair: créer une situation de conflit dans la région ».
La marine ukrainienne dit avoir averti la Russie à l’avance de l’itinéraire de ses navires et assure vouloir qu’ils poursuivent leur route « malgré les actions de la Russie ».
« Les navires sont toujours devant le détroit de Kertch (séparant la Crimée de la Russie et marquant l’accès à la mer d’Azov, ndlr), le trafic est bloqué », a déclaré dimanche soir à l’AFP le porte-parole de la marine ukrainienne Oleg Chalyk.
Un navire pétrolier placé sous le pont de Crimée, qui enjambe le détroit de Kertch, bloque l’accès au détroit, selon la marine ukrainienne.
La Russie, toujours selon la marine ukrainienne, aurait envoyé deux hélicoptères militaires patrouiller au-dessus de la région pour surveiller les navires, tandis que l’agence russe RIA affirme que deux avions militaires survolaient également la zone.
– « Violation » du droit international –
« Nous considérons ces actes agressifs comme une violation des normes » du droit international, a réagi le ministère des Affaires étrangères ukrainien, indiquant qu’il prendrait « toutes les mesures appropriées pour apporter une réponse juridique diplomatique et internationale ».
Le vice-président du parlement de Crimée a pour sa part indiqué, cité par les agences, que « des mesures appropriées seraient prises pour que ces personnages (…) ne continuent pas à croire que tout leur est permis parce qu’ils sont soutenus par les Etats-Unis et les pays européens ».
La Russie revendique le contrôle des eaux au large de la Crimée depuis l’annexion de la péninsule. Kiev et les Occidentaux accusent Moscou d' »entraver » délibérément la navigation des navires commerciaux via le détroit de Kertch, seule voie maritime entre la Mer Noire et la mer d’Azov.
Les difficultés sont apparues avec la construction par Moscou du pont très controversé de 19 kilomètres de long dans le détroit de Kertch.
L’installation de ses arches en 2017 a d’ores et déjà « coupé la voie à une partie des navires, trop grands pour passer en-dessous », selon Oleksandre Oliïnyk, directeur du port de Marioupol.
Cette année, les garde-frontières russes ont commencé à retenir des bateaux, officiellement pour des contrôles. Ces retards infligent des pertes importantes aux armateurs et aux ports, qui perdent leurs clients.
Mais au-delà de vouloir étouffer les ports ukrainiens, cruciaux pour les exportations métallurgiques, Kiev estime que Moscou pourrait aller jusqu’à préparer une offensive contre Marioupol, dernière grande ville sous contrôle de Kiev dans l’est du pays.
La tension monte en effet également sur le plan militaire. En mai, Moscou a transféré cinq de ses navires militaires de la Caspienne vers la mer d’Azov, tandis que Kiev a affirmé en juillet qu’une quarantaine de vedettes de combat russes s’y trouvaient déjà.
Les eaux peu profondes de la mer d’Azov baignent le sud du Donbass, région ukrainienne où le conflit armé avec les séparatistes prorusses a fait plus de 10.000 morts en quatre ans.
Kiev et l’Occident accusent la Russie de soutenir militairement les séparatistes, ce que Moscou dément, malgré de nombreuses preuves du contraire.