Ce projet d’union entre deux des plus gros chantiers navals au monde avait été notifié en novembre 2019 à la Commission qui avait ouvert une enquête approfondie dès le mois suivant.
Après plus de deux ans de procédure, une durée inhabituellement longue pour ce genre de dossiers, Bruxelles va annoncer « dans les tout prochains jours » son veto à l’opération, a expliqué une source, confirmant une information du Financial Times. L’exécutif européen justifierait cette décision par la position dominante qu’aurait le nouvel ensemble dans la construction de navires transportant le gaz naturel liquéfié (GNL) et dans les porte-conteneurs.
Il est rare que la Commission européenne interdise une fusion, la dernière décision de ce type avait été prise en juin 2019 avec le refus du projet d’entreprise commune des sidérurgistes indien Tata Steel et allemand ThyssenKrupp.
Le rachat de Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering par son rival Hyundai Heavy Industries Holdings donnerait naissance à un groupe contrôlant près des deux tiers du marché mondial des navires de GNL, selon cette source.
La Commission et les deux sociétés « ont exploré toutes les voies de remèdes possibles aux problèmes de concurrence posés, dans un degré de détail considérable », sans succès, a expliqué une autre source pour qui le rejet de l’opération ne fait « aucun doute ».
La date limite pour la décision a été fixée au 20 janvier.
« Le gaz naturel est une marchandise stratégique », notamment dans le contexte de crise de l’énergie, a-t-elle expliqué. « Déjà,LyS les tarifs du transport de fret ont explosé. Le risque est d’ajouter des prix encore plus élevés à des cours de l’énergie qui ont eux-mêmes flambé ».
Au moment de l’annonce de l’enquête fin 2019, la Commission avait cité quatre marchés sur lesquels la fusion posait problème : les grands porte-conteneurs, les pétroliers, les transporteurs de gaz de pétrole liquéfié (GPL) et les transporteurs de gaz naturel liquéfié (GNL).
Or, depuis la forte reprise économique consécutive à la pandémie de Covid-19, la situation du marché des porte-conteneurs s’est considérablement tendue. « Les tarifs ont explosé. C’était un marché où il y avait beaucoup de capacités, brusquement on se trouve dans une situation où il n’y en a pas assez », explique encore cette source.
Gardienne de la concurrence dans l’UE, la Commission craint que les armateurs européens n’aient pas un pouvoir de négociation suffisant pour peser sur la nouvelle entité issue de la fusion, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix des navires qui se répercuterait in fine sur les consommateurs.