L’enveloppe est accordée dans le cadre du Mécanisme pour l’interconnexion de l’Europe (MIE), qui octroie également 700 millions d’euros mercredi pour la construction de la ligne ferroviaire transfrontalière Lyon – Turin.
Cette aide s’ajoute aux 582 millions déjà versés par l’UE pour ce chantier pharaonique en projet depuis des décennies, relancé et interrompu à plusieurs reprises faute de financements suffisants ou de volonté politique.
L’ouvrage doit relier Compiègne, dans l’Oise, à Aubencheul-au-Bac, dans le Nord, au moyen d’un canal de 107 kilomètres de long et 54 mètres de large permettant de rallier le réseau fluvial du Benelux.
L’objectif est de permettre la circulation de péniches « à grand gabarit » (jusqu’à 185 mètres de long, d’après la Société du Canal), désengorgeant ainsi les principales voies navigables françaises, saturées, et de réduire la circulation de camions de marchandises sur l’autoroute du Nord.
Il doit également stimuler l’activité économique de la région, en désenclavant les territoires traversés et en créant de l’emploi.
En novembre 2023, une première étape est franchie avec l’inauguration d’un tronçon de 11 kilomètres de voie navigable. Le canal devrait être achevé en 2030.
Moins médiatique que le mégaprojet de ligne transalpine Lyon-Turin, le canal Seine-Nord n’est toutefois pas exempt de polémiques, dont la première porte sur son coût.
Sa construction, évaluée finalement à 5,1 milliards d’euros, est financée exclusivement en fonds publics, en premier lieu par l’Union européenne (2,1 milliards d’euros), suivie par l’Etat et les collectivités (1,1 milliard d’euro chacun) et un emprunt de 800 millions d’euros.
En 2020, un rapport de la Cour des comptes européennes consacré aux mégaprojets déplorait « une augmentation de 199% » du coût de ce chantier, soit une hausse de 3,3 milliards.
Le même rapport jugeait irréalistes les projections de trafic attendu sur le réseau, les estimant très au-dessus de ses capacités.
Si la Commission d’enquête environnementale a rendu en 2024 un avis favorable, elle souligne toutefois plusieurs points d’achoppement, notamment l’impact du tracé sur la biodiversité, ou la pollution engendrée par les travaux.
L’alimentation en eau du canal, qui doit se faire via une retenue d’eau colossale, d’une contenance de 14 millions de m2, suscite également l’inquiétude et l’opposition de plusieurs collectifs écologiques. Celle-ci ne devrait toutefois pas engendrer de ponctions sur les nappes phréatiques, d’après la Société du Canal.