Cargo dans le Golfe de Gascogne: nouvel essai de remorquage samedi

Des experts en renflouement de la société néerlandaise Smit Salvage, hélitreuillés dans l’après-midi à bord du « Modern Express », ont pu passer une « ligne de passage légère » entre un remorqueur et le cargo, préalable au remorquage. Mais les mouvements des navires, imprimés par une houle de 4 à 5 mètres, « ont provoqué le rupture de cette ligne », et l’arrivée de la nuit a empêché une nouvelle tentative qui va être préparée pour samedi matin, a indiqué la préfecture maritime de l’Atlantique.

Un équipier de Smit Salvage a été légèrement blessé à l’épaule dans l’opération vendredi, a ajouté la préfecture, sans pouvoir fournir plus de précision sur les circonstances.

Le Modern Express, un roulier immatriculé à Panama et transportant 3.600 tonnes de bois débité et des engins de travaux, a continué vendredi de dériver, à la faible allure d’1 noeud (moins de 2 kmh), à 148 milles nautiques (270 km) à l’ouest de La Rochelle.

La forte gîte du cargo, de 40 à 50 degrés est stabilisée, et le navire ne présentait vendredi pas d’entrée eau apparente.

Opération « périlleuse et difficile », en raison de l’inclinaison du navire, le remorquage n’est pas pour autant mission impossible, selon des experts maritimes sondés par l’AFP.

« Le bateau est remorquable, surtout que l’état de la mer n’est pas mauvais; bien sûr il ne faut pas le laisser en travers de la houle », a estimé Yvon Mounes, ancien commandant du remorqueur de haute mer L’Abeille Flandres, et ancien directeur des opérations de sauvetage pour l’armateur Les Abeilles.

– Accident dû à une cargaison désarrimée? –

« Apparemment, il a atteint son degré de gîte maximum. C’est sûr en revanche que s’il y a une voie d’eau qui continue, il va couler, ça ne flotte jamais indéfiniment un bateau », a-t-il ajouté.

Plusieurs bâtiments se trouvaient vendredi sur zone autour du Modern Express: une frégate française de lutte anti-sous-marine, la Primauguet, avec à bord un hélicoptère, et un remorqueur affrété par la Marine nationale, L’Abeille Bourbon, transportant les experts de Smit.

Deux remorqueurs espagnols, engagés par la société de sauvetage, sont également sur site, ainsi qu’un bâtiment de dépollution de la Marine nationale, L’Argonaute, envoyé « par mesure de prévention ».

Le Modern Express, un navire de construction assez récente (2001) naviguait du Gabon vers Le Havre, lorsqu’il avait lancé mardi après-midi un appel de détresse, après avoir pris une forte gîte, pour une raison encore indéterminée, à 150 milles (280 km) de la pointe Nord-Ouest de l’Espagne, à la verticale de La Corogne.

La préfecture maritime n’a pas communiqué sur les causes possibles du sinistre, mais plusieurs experts maritimes ont estimé vendredi qu’un « désarrimage de la cargaison », couplé à du mauvais temps, pourrait avoir causé la gîte initiale.

« Si la cargaison n’est pas suffisamment arrimée, un grand coup de gîte, le bateau peut en effet se faire surprendre par du mauvais temps. Tous les arrimages de l’intérieur peuvent larguer et la cargaison part d’un bord, et le bateau se retrouve complètement déséquilibré », a estimé le vice-amiral Frédéric Maurice, délégué départemental de la Société nationale de sauvetage en Mer (SNSM) pour le Finistère et ancien commandant des forces maritimes du Pacifique.

Les 22 hommes d’équipage du cargo, de nationalité philippine selon la presse espagnole, avaient été évacués mardi dans des conditions de mer « très difficiles ». A la suite de l’évacuation, la préfecture de l’Atlantique avait mis en demeure l’armateur du navire « de faire cesser ce danger » à la navigation. Le navire se trouve en zone économique française, bien que son sauvetage soit intervenu en zone britannique de responsabilité « SAR » (Search and Rescue).

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