L’Ukraine, qui accuse la Russie de voler ses récoltes de blé, affirme que le Zhibek Zholy, parti jeudi du port ukrainien de Berdiansk, sous occupation russe, est chargé de 7.000 tonnes de céréales obtenues illégalement.
Moscou a reconnu lundi que le navire battait pavillon russe, mais a rejeté toute faute.
« Nous devons examiner la situation », a déclaré à des journalistes le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
« Le navire apparaît comme russe et bat pavillon russe. Je pense qu’il appartient au Kazakhstan et que la livraison initiale était prévue dans le cadre d’un contrat signé entre la Turquie et l’Estonie », a affirmé le ministre.
Malgré la pression ukrainienne, la Turquie, membre de l’Otan, reste muette depuis vendredi au sujet du Zhibek Zholy.
La Turquie est considérée comme une alliée de l’Ukraine à laquelle elle fournit des drones de combat. Mais Ankara veille à garder une position neutre envers la Russie, dont elle dépend pour ses approvisionnements en gaz notamment.
Vendredi, l’ambassade d’Ukraine à Ankara avait demandé à la Turquie d’arrêter le navire russe.
Selon le site spécialisé Marine Traffic, le cargo, long de 140 mètres, avait jeté l’ancre à un kilomètre environ du port de Karasu, à l’est d’Istanbul.
L’ambassadeur ukrainien à Ankara, Vasyl Bodnar, a affirmé à la télévision nationale ukrainienne dimanche que le navire était retenu par les garde-côtes turcs.
« Dimanche, un bateau s’est approché [du Zhibek Zholy] et est reparti », a indiqué mardi à l’AFP Gulay Erol, une promeneuse rencontrée sur une plage de Karasu d’où le cargo russe est visible.
« Je ne sais pas pourquoi », a-t-elle ajouté, sans pouvoir préciser si le bateau aperçu était un navire des garde-côtes turcs.
Sans parvenir à un accord jusqu’à présent, l’ONU négocie depuis plusieurs semaines avec Moscou, Kiev et Ankara — caution militaire d’une utilisation de la mer Noire pour des navires civils — un accord qui permettrait aux céréales de sortir d’Ukraine en sécurité et aux engrais produits par la Russie de revenir sur le marché international.
Dans ce contexte, l’ONU dit craindre de nouveaux « ouragans de famines » sous l’effet de la hausse des prix alimentaires, vertigineuse depuis le début du conflit en Ukraine.