Les nouvelles régions militaires –des théâtres d’opérations baptisés en chinois « zones de guerre »– découpent le pays entre les régions Nord, Sud, Est, Ouest et Centre, aux contours exacts non révélés, et où l’Armée populaire de libération (APL) devra « s’occuper des nouveaux défis auxquels la Chine fait face », selon le quotidien officiel Global Times, citant notamment le « terrorisme » dans l’Ouest et les « menaces » en mer de Chine.
Ces cinq régions militaires sont désormais placées sous le contrôle direct de la Commission militaire centrale (CMC) du Parti communiste chinois (PCC), présidée par Xi Jinping, montré la veille à la télévision en train de remettre solennellement les étendards aux cinq généraux en charge de ces zones.
Depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, le président chinois a engagé une vigoureuse reprise en main de l’APL en épurant son commandement des généraux et autres officiers accusés de corruption, et en plaçant ses hommes aux postes-clés de cette institution, bras armé du régime communiste.
L’objectif de sa réorganisation est de « renforcer l’autorité de la CMC en évitant la formation de cliques au sein de l’armée », et de combattre « l’inertie des officiers supérieurs », a souligné Song Zhongping, un expert militaire cité par le Global Times.
Une longue liste de caciques militaires limogés et condamnés à de lourdes peines a permis de réduire ses résistances à la reprise en main.
La nouvelle région Ouest « devrait endosser davantage de responsabilités dans la lutte contre le terrorisme », a assuré le Global Times, en référence au Xinjiang (nord-ouest), vaste région en majorité musulmane, frontalière de l’Asie centrale et de l’Afghanistan notamment, en proie à des incidents meurtriers récurrents.
Les régions Est et Sud, côtières, se concentreront sur les différends maritimes de Pékin avec ses voisins, notamment le Japon et le Vietnam.
La Chine, qui a annoncé fin décembre la mise en chantier de son deuxième porte-avions, revendique sa souveraineté sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, une position qui heurte ses voisins et que les Etats-Unis contestent en envoyant régulièrement dans la zone avions et — comme le week-end dernier — navires de guerres, provoquant l’ire de Pékin.
La Chine comptait depuis 1985 sept régions militaires, aux responsabilités administratives considérables mais induisant des « rôles imprécis et des commandements intégrés inefficaces », selon un commentaire du Quotidien de l’APL.
La nouvelle réorganisation, « étape historique », permet « une chaîne de commandement plus efficace », plus à l’image de celle des armées occidentales, de même source.
Xi Jinping a annoncé en septembre une baisse de 300.000 hommes des effectifs de l’APL, première armée du monde en nombre avec actuellement d’environ 2,3 millions de soldats.