Interrogé lors d’une séance de questions au gouvernement par le député de Martinique Jiovanny William (Nupes), qui a vivement attaqué la responsabilité de l’Etat, Jean-François Carenco a indiqué qu’il se rendrait en Martinique « à compter de jeudi » et discutera à cette occasion « avec l’ensemble des acteurs locaux ».
Revenant sur le non-lieu prononcé par la justice française, M. William a indiqué que cette décision n’était « évidemment pas comprise par la population ». « Quand allez-vous indemniser toute la population touchée dans sa chair et dans son âme par cet empoisonnement? », a-t-il interrogé.
La priorité du gouvernement est « de protéger la santé (des Antillais, ndlr), d’aider les secteurs économiques impactés et de renforcer les recherches pour améliorer l’ensemble des terrains », a répondu M. Carenco.
Le ministre a également fait état d' »avancées fortes » depuis 2018, notamment la reconnaissance du cancer de la prostate comme maladie professionnelle ouvrant droit à indemnisation. Une « quarantaine de laboratoires » de recherche sont par ailleurs mobilisés sur le sujet, avec cinq projets de dépollution des sols et un projet sur l’impact du chlordécone sur la fertilité féminine, a précisé le ministre.
Le chlordécone est un pesticide qui a été utilisé dans les bananeraies de la Martinique et de la Guadeloupe de 1972 à 1993 pour lutter contre le charançon du bananier, un insecte ravageur pour ces cultures.
Il fait partie des pesticides organochlorés comme le DDT et le lindane, qui restent longtemps dans les sols et les eaux et peuvent s’avérer très toxiques.
Selon un rapport publié le 6 décembre par l’Agence française de sécurité sanitaire (Anses), près de 90% des populations de Martinique et de Guadeloupe sont contaminées au chlordécone.
L’expertise Inserm « pesticides et santé » publiée en 2021 a conclu à la présomption forte d’un lien entre l’exposition au chlordécone de la population générale et le risque de survenue de cancer de la prostate.