De janvier à mars, le chiffre d’affaires du géant marseillais a atteint 13,3 milliards de dollars (11,9 milliards d’euros, +12,1% sur un an), « porté majoritairement par les activités maritimes », en hausse de 11,5%, a indiqué le groupe dans un communiqué.
Sa marge brute d’exploitation a atteint 23,3% sur les trois premiers mois de l’année, en hausse de 3,1 points sur un an.
La comparaison avec le premier trimestre 2024 est favorable car celui-ci avait été pénalisé par les attaques houthies en mer Rouge et dans le golfe d’Aden qui perturbent le trafic maritime.
Mais les voies ne se sont pas éclaircies pour autant: le marché mondial du transport maritime et de la logistique « traverse une période de forte volatilité depuis le début de l’année », décrit CMA-CGM.
L’annonce de droits de douane renforcés aux Etats-Unis a « probablement causé un effet d’anticipation » sur le commerce mondial de marchandises, et la Chine a exporté « de manière extrêmement vigoureuse » au premier trimestre (+9% sur un an), a précisé à l’AFP le directeur financier du groupe, Ramon Fernandez.
Ensuite, entre mi-avril et mi-mai, « à peu près la moitié de l’activité de la Chine vers les Etats-Unis a été annulée » mais d’autres routes ont « pour l’essentiel pris le relais », notamment de la Chine vers l’Asie du Sud-Est.
Les dernières négociations entre la Chine et les Etats-Unis, où la compagnie a prévu d’investir 20 milliards de dollars, montrent cependant que « l’ensemble des acteurs ont accepté l’idée que cette escalade tarifaire serait destructrice de valeur pour tout le monde », selon Ramon Fernandez.
Les tarifs du fret maritime ont continué à baisser: le revenu moyen par conteneur s’élève à 1.498 dollars chez CMA-CGM, en légère baisse par rapport à la moyenne de l’année 2024.
La mer Rouge ne s’est pas débloquée « mais les capacités qui arrivent sur le marché, c’est-à-dire les livraisons de nouveaux navires, pèsent nécessairement sur l’équilibre offre-demande et contribuent donc à cet ajustement progressif sur les taux de fret », a précisé M. Fernandez. « On revient à des niveaux (…) plus proches de ce qu’on connaissait avant les années Covid », durant lesquelles les tarifs du fret s’étaient envolés.
« Dans un contexte géopolitique instable et marqué par des tensions commerciales inédites, le groupe affiche une performance solide au premier trimestre, portée par le dynamisme de notre activité maritime et nos investissements de long terme, notamment dans les terminaux », a estimé le PDG du groupe Rodolphe Saadé, cité dans le communiqué.
Les activités logistiques du groupe ont poursuivi leur croissance au premier trimestre (+10,1% à 4,2 milliards de dollars), notamment portées par l’intégration de Bolloré Logistics, mais freinées par les difficultés du marché automobile en Europe.
Le chiffre d’affaires des autres activités du groupe est en hausse de 30,9% à 833 millions de dollars. Leur excédent brut d’exploitation (Ebitda, un indicateur de rentabilité) a presque doublé (+91,5%), à 157 millions de dollars, porté par l’intégration du groupe de médias audiovisuels RMC-BFM et une bonne performance des terminaux portuaires et du fret aérien.
Mais les perspectives pour le reste de l’année demeurent « incertaines », a poursuivi Rodolphe Saadé, citant comme priorités « maîtriser nos coûts, consolider nos positions sur les marchés en croissance, et renforcer notre agilité commerciale, en nous appuyant sur l’intelligence artificielle, pour répondre aux attentes de nos clients ».
« Le mouvement de réorganisation progressive des chaînes d’approvisionnement va se poursuivre et vraisemblablement s’accélérer », a estimé Ramon Fernandez.
CMA-CGM, qui exploite aujourd’hui environ 670 navires, est « en capacité de les réallouer » vers les zones géographiques « où des clients présentent des demandes de volume importantes », a-t-il ajouté.