La cour d’assises spéciale du Nord tente depuis le 1er février de déterminer la place exacte de chacun des accusés dans ce trafic consistant à réceptionner des centaines de kilos de cocaïne, avec l’aide de dockers corrompus, pour les livrer à des mafias.
Ce port « est devenu depuis quelques années la porte principale de l’entrée de la cocaïne en France et l’une des principales en Europe », a pointé l’avocat général, Antoine Berthelot, évoquant un « tsunami blanc » déferlant sur le continent, désormais premier marché mondial de cette drogue.
« Le prix plancher est de 12 millions d’euros pour la chaîne criminelle pour 100 kg » de cocaïne de cette pureté, a-t-il souligné. Dans ce dossier, 1,3 tonne de cocaïne et 445 kilos de résine de cannabis ont été saisis sur plusieurs bateaux.
M. Berthelot a requis la peine la plus lourde à l’encontre de Dione Mendy. On ne sait toujours pas s’il était « propriétaire de la cocaïne ou prestataire », mais il est le « principal employeur et commanditaire » de l’équipe, constituée par trois autres prévenus, a estimé l’avocat général.
A l’encontre de ces trois hommes, des délinquants des quartiers populaires du Havre, il a requis de 13 à 22 ans de réclusion. Mohamed Mellal – tout comme son « alter ego fonctionnel » Karim Djemel –n’est certes « pas un chef de cartel » mais pas non plus « un simple logisticien ».
« Il ne profite pas seulement du gâteau, il contribue à le faire enfler », a-t-il estimé, le troisième membre du trio ayant un rôle moins « moteur ».
Contre Aziz Sallami –non présent au procès– soupçonné d’être un ex-concurrent sur la zone portuaire de ce trio qui a un temps mutualisé ses moyens avec lui, il a demandé 18 ans.
A l’encontre du doyen des prévenus, Louis Belhacène, alias « Doudou » ou « le roi du port », « omniprésent, omnipotent, omniscient », qui « rémunère » les différents acteurs des sorties de cocaïne, l’avocat général a requis 20 ans.
Huit personnes, dont des personnels portuaires, ont déjà été condamnées en correctionnelle et trois relaxées dans ce dossier.
Débutée en janvier 2017, l’enquête avait permis, grâce à l’installation de micros dans les logements de l’équipe, d’entendre les suspects détailler leurs activités criminelles.
Elle organisait notamment le « troc » particulièrement lucratif de cocaïne contre du cannabis à destination de la Martinique.