Poursuivis notamment pour homicide et blessures involontaires, le commandant du « Condor Vitesse », âgé de 58 ans, et son second, âgé de 47 ans, tous deux de nationalité française, encourent chacun cinq ans de prison.
Il leur est reproché d’avoir manqué à leur devoir de vigilance alors qu’ils naviguaient à pleine vitesse (70 km/h) par un épais brouillard.
Le 28 mars 2011, le Condor Vitesse, un ferry rapide de 86,6 m de long, était entré en collision avec les Marquises, un caseyeur de 9,3 m basé à Granville (Manche), le coupant littéralement en deux et causant la mort du patron-pêcheur, âgé de 42 ans et père de quatre enfants. Les deux autres marins avaient été repêchés en état d’hypothermie.
Le ferry, avec 200 passagers à son bord, avait pu rejoindre Jersey malgré une importante avarie à la coque.
En pratique, il est reproché aux deux prévenus, qui naviguaient dans une brume « extrêmement épaisse », de « ne pas avoir regardé leur radar quand ils auraient dû le regarder », a indiqué à l’AFP le procureur de la République de Coutances Renaud Gaudeul.
Selon l’accusation, ils n’avaient en outre « pas actionné la corne de brume » et avaient « désactivé le système d’alarme anti-collision », sans compensation.
Le ferry appartient à la compagnie Condor Ferries, basée à Guernesey (Royaume-Uni), qui n’est pas poursuivie pénalement.
Dans un rapport publié en octobre 2011, le Bureau enquête accident (BEA) avait souligné qu’en « timonerie, les conversations quasi continues et sans rapport avec la conduite du navire (entretenaient) une ambiance peu compatible avec la concentration nécessaire à la conduite d’un navire à grande vitesse dans le brouillard ».
Selon le BEA, peu avant la collision, les officiers du ferry avaient déjà ignoré l’écho radar d’un premier bateau, qui était passé à une centaine de mètres seulement sans qu’ils ne le relèvent.
Interrogé par l’AFP, l’avocat du commandant, Me Pierre-Yves Lucas, n’a pas souhaité faire de commentaire.
L’avocat du commandant en second, Me Pascal Huchet, a de son côté indiqué qu’il plaiderait la relaxe en mettant en avant une défaillance technique.
La famille du marin décédé, partie civile, devrait être présente à l’audience.