« On ne souhaitait pas perdre notre emploi. On a sauvé le plus d’emplois possibles, 402 CDI et le départ de plus d’une cinquantaine de salariés de plus de 50 ans reste à négocier notamment avec l’Enim (caisse sociale des marins qui verse notamment les pensions, ndlr). En cela nous sommes satisfaits », a-t-il déclaré lors d’une assemblée générale des marins à Calais.
« Huit tables rondes, 60 heures de discussions, des actions sur le terrain dont huit jours de blocage d’une région mais aussi, on peut le dire, du Nord de l’Europe, ont été nécessaires pour obtenir ces résultats qui, sur le plan syndical, sont très satisfaisants et même jamais atteints », a ajouté le leader du SNM, ultra-majoritaire, affirmant que le conflit a « toujours été digne et respectueux ».
« Aujourd’hui le pavillon français est en berne », a cependant lancé M. Vercoutre, en allusion à la vente par Eurotunnel de deux des ferries exploités par la Scop sous la marque commerciale MyFerryLink, à la compagnie maritime danoise DFDS. Occupés par les marins de la Scop depuis fin juin, le Berlioz et le Rodin doivent être « restitués » mercredi matin, selon l’accord trouvé lundi soir.
Ce texte a été signé par les représentants des salariés de la Scop, le groupe Eurotunnel, ex-propriétaire des bateaux de la compagnie MyFerryLink assurant la liaison transmanche, et leur repreneur DFDS, ainsi que par le secrétaire d’Etat aux Transports, Alain Vidalies, hôte des négociations.
Il prévoit la reprise de 402 des 487 salariés de la Scop, dont la liquidation avait été prononcée en juillet, ce qui avait ouvert la possibilité de payer les salariés, la Scop n’ayant pas la trésorerie suffisante pour le faire.
DFDS reprendra 202 ex-salariés, Eurotunnel 150 en direct (dont 130 pour le navire dédié au fret « Nord-Pas-de-Calais » et 20 pour ses besoins propres) et l’un de ses sous-traitants en sécurité 50 autres.
L’accord reste par ailleurs muet sur le point de savoir qui, du fonds patronal de garantie des salaires (AGS) ou des repreneurs, Eurotunnel et DFDS, règlera le solde de tout compte des salariés.
Il s’agit d’un « point noir », a souligné Thierry Haxaire, délégué FO. « Il n’y a pas d’action prévue pour le moment, on est en train de se concerter sur ce qu’on peut faire, mais cela risque de se jouer sur le plan légal », a-t-il poursuivi, tout en se disant « soulagé » de cette « sortie de crise », qui n’était « plus tenable ».