Dans un entretien à l’AFP, Sultan Ahmed ben Soulayem assure toutefois que son groupe, présent dans 54 pays, reste avide d’acquisitions à l’international.
Déjà l’une des entités les plus rentables du gouvernement de Dubaï, DP World s’est lancé ces dernières années dans une frénésie d’achats, dépensant des milliards de dollars pour acheter des parts dans des entreprises comme P&O Ferries en Grande-Bretagne ou des terminaux au Chili.
Mais la crise entraînée par la pandémie a étouffé le commerce mondial, dont environ 80% s’effectue par voie maritime, paralysant les principales chaînes d’approvisionnement et réduisant importations et exportations.
– « Chiffre trompeur » –
Pour Sultan Ahmed ben Soulayem, le commerce mondial a payé un plus « lourd tribut » que lors de la crise financière de 2007-2008 et la situation est comparable à la période post-Seconde guerre mondiale.
La différence « aujourd’hui, (c’est que) les usines sont intactes, mais personne ne peut travailler. Les rues sont sûres et personne ne sort. Les magasins sont pleins de marchandises, mais personne n’achète ».
Les prédictions de reprise fulgurante sont trop optimistes, selon lui, et l’hypothèse d’une chute –au plus fort de la crise– suivie d’une stagnation est plus probable, à moins que des mesures de relance importantes ne soient adoptées.
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a déclaré en avril que le commerce international pourrait chuter de 13 à 32% en 2020 en raison de la pandémie.
Sultan Ahmed ben Soulayem affirme que l’activité des 82 ports, terminaux et centres logistiques de DP World dans le monde n’a reculé que d’environ 4% au cours du premier trimestre de 2020.
Un chiffre « trompeur », dit-il toutefois, soulignant que l’activité de ces dernières semaines était liée à des commandes passées avant la crise.
« Qu’est-ce qui va se passer dans les quatre prochains mois? C’est la question clé (…). Nous devons surveiller la situation mais nous nous préparons au pire », prévient-il.
Malgré ces sombres perspectives, le PDG de DP World assure que son groupe n’a pas demandé d’aide au gouvernement de Dubaï et qu’il recourra si nécessaire aux marchés pour financer son expansion.
– Engranger des profits « immédiatement » –
DP World a multiplié ces dernières années les acquisitions avec l’intention de devenir le premier prestataire mondial de logistique de bout en bout.
Sultan Ahmed ben Soulayem assure que son groupe compte investir « même pendant cette crise », mais prévient d’une condition: « Si nous pensons qu’un investissement augmentera nos revenus et générera des profits ».
« Nous sommes une entreprise qui est devenue une source de revenus pour le gouvernement » et qui doit donc « gagner de l’argent immédiatement », explique-t-il.
DP World, qui a annoncé en février sa sortie de la Bourse de Dubaï et son retour à la pleine propriété de l’émirat, ne prévoit ni licenciements ni réduction de salaires selon son PDG, contrairement à d’autres grandes société de Dubaï, comme la compagnie aérienne Emirates.
L’opérateur portuaire, qui exploite un réseau mondial de 123 unités opérationnelles gérées par un effectif de 56.500 personnes, a enregistré l’année dernière une hausse de 4,6% de son bénéfice net, à 1,33 milliard de dollars.
En 2019, DP World a pris en charge 71,2 millions d’EVP (conteneurs de vingt pieds), ce qui le place parmi les cinq premiers opérateurs mondiaux. Son port d’attache, Jebel Ali, situé dans le sud de Dubaï, a traité 14,1 millions d’EVP, soit une baisse de 5,6%, mais se classe toujours parmi les dix premiers au niveau mondial.
La zone franche de Jebel Ali, une filiale de DP World, a contribué à hauteur de 23% au produit intérieur brut (PIB) de Dubaï l’année dernière.
Selon Sultan Ahmed ben Soulayem, aucune des 8.000 entreprises qui y sont basées n’est partie à cause de la crise.
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