« Nous souhaitons vous faire part de notre vive inquiétude concernant l’avenir de la pêche et de nos ports », écrivent dans une lettre adressée au président ces professionnels et près de 80 « élus des territoires littoraux de Bretagne », dont l’AFP a obtenu une copie jeudi.
Brexit, destruction d’une partie de la flotte, envolée des prix du gazole et de l’électricité, durcissement des réglementations: autant d’éléments qui mettent à mal une filière à son « point de bascule » en Bretagne, avec près de 10.000 emplois liés, expliquent les signataires.
« Tous les acteurs sont unanimes : la crise que nous traversons est sans précédent, et sera peut-être la dernière sans un sursaut rapide », avertissent-ils.
« Au-delà de la question sociale, la pêche a aussi façonné nos paysages, notre culture, l’identité des populations côtières. Sa disparition provoquerait un choc de même nature que celui qui a touché le nord de la France avec la disparition de l’industrie textile, ou l’est de la France avec la disparition de l’industrie sidérurgique. C’est la raison pour laquelle nous en appelons directement à vous », insiste la lettre au président de la République.
Et les signataires affirment que la pêche est « une filière d’avenir » pour l’économie, pour l’environnement (« plus écologique » que ses concurrentes mondiales selon eux) et pour la souveraineté alimentaire de la France (« nous importons déjà plus de 75% du poisson consommé dans notre pays »).
« Il s’agit de décider si la France souhaite conserver cette industrie, essentielle à nos territoires (…) Seule une intervention de votre part le permettra. Cette intervention est urgente », ajoute la lettre, qui ébauche des propositions.
La flotte française, troisième de l’Union européenne derrière l’Espagne et le Danemark avec quelque 6.500 navires, a diminué de plus d’un quart en 20 ans. Ses armements sont vieillissants, comme ses marins, dont près de la moitié partiront à la retraite d’ici cinq à dix ans.
La succession de crises l’a encore fragilisée: au moins 90 navires (dont 45 en Bretagne) devraient partir à la casse dans le cadre d’un « plan d’accompagnement individuel » post-Brexit, destiné aux pêcheurs n’ayant plus accès aux eaux britanniques.