Si plus aucun combat n’y a lieu, le fracas des bombardements parvient régulièrement depuis la zone industrielle où se trouve le complexe métallurgique d’Azovstal, ultime réduit contrôlé par les forces ukrainiennes à Marioupol, visible à quelques kilomètres de là de l’autre côté de la baie.
Plusieurs centaines de militaires et de civils ukrainiens sont retranchés dans des galeries souterraines datant de l’époque soviétique à Azovstal. La présidence ukrainienne a annoncé vendredi que l’évacuation des non-combattants était envisagée ce même jour.
Cependant, l’AFP a pu entendre vendredi matin et jusqu’au milieu de l’après-midi des bombardements nourris à Azovstal, lors d’un voyage de presse organisé à Marioupol par l’armée russe.
En début d’après-midi, les explosions n’étaient espacées que de quelques secondes, certaines paraissant particulièrement puissantes. Des colonnes de fumée grise s’élevaient parfois dans le ciel de la zone industrielle.
– Déminage –
La situation était en revanche calme dans le port, qui portait toutefois les stigmates du siège qui a fait de Marioupol, cité stratégique située sur la mer d’Azov, l’un des symboles de l’offensive russe en Ukraine qui a débuté le 24 février.
La plupart des bâtiments administratifs de la zone portuaire sont lourdement endommagés, leur façade éventrée ou noircie par les flammes.
Ici, la vie semble s’être arrêtée brusquement, comme prise de court.
Des rouleaux de cuivre, qui devaient être livrés en Israël, à en croire leurs notices d’exportation, gisent à l’abandon. Un peu plus loin, des wagons abandonnés sont éventrés, révélant leur cargaison de minerai de fer.
Plusieurs navires sont par ailleurs échoués dans le port, dont un cargo et un bâtiment de commandement militaire ukrainien, le Donbass, détruit lors du siège de Marioupol.
Signe que le danger n’est pas encore tout à fait écarté, des opérations de déminage ont lieu dans la zone portuaire, où des éclats de missiles parsèment le sol. Deux obus qui n’ont pas explosé sont fichés à la verticale dans le goudron.
« Les eaux du port et le port lui-même ont été minés. Nous menons des opérations de déminage pour les sécuriser », explique Sergueï Neka, un haut responsable du ministère des Situations d’urgence de l’administration des séparatistes prorusses.
Au bout d’une jetée, deux hommes en lourde combinaison oeuvrent à neutraliser des mines sous-marines remontées par des plongeurs, ainsi que des roquettes.
Une fois les engins neutralisés, ils sont emmenés par un camion militaire.
Un peu plus loin, quelques hommes munis de pelles marchent à côté d’une pelleteuse en direction d’un des nombreux bâtiments détruits. Un déblayage qui prendra du temps.