Des huîtres à Pâques pour écouler les stocks en gros calibres

« L’automne 2014 a été favorable à la croissance des huîtres et on s’est retrouvé avec des huîtres très grosses en quantités non négligeables, qui ne se sont pas vendues à Noël », explique à l’AFP Gérald Viaud, président du Comité national de la conchyliculture (CNC). Les ostréiculteurs réalisent de 40 à 80% de leur chiffre d’affaires pendant les fêtes de fin d’année.

« L’huître est un produit d’exception qui ne se consomme pas uniquement pendant les fêtes de fin d’année », peut-on lire sur le site du CNC à la rubrique « Huître de Pâques ». Le Comité a mis à la disposition de ses membres des outils de communication – recettes, affiches, petit film présentant la filière – pour promouvoir les huîtres de gros calibre (numéro 0, 1 et 2), alors que depuis quelques années les consommateurs demandent plutôt des mollusques plus petits (n°3).

Dans la grande distribution, on trouve actuellement la douzaine d’huîtres n° 2 autour des 6 euros, contre 9 euros pour celles de calibre 3. Une huître de calibre zéro pèse entre 150 et 250 grammes et une n°3 environ 75 grammes.

« Les huîtres, ce ne sont pas des boulons, ce n’est pas un produit industriel », souligne M. Viaud. « On oublie que ce sont des animaux vivants qui réagissent aux éléments de la nature », explique-t-il, assurant que le surplus de grosses huîtres concerne actuellement entre 7.000 et 8.000 tonnes et que tous les bassins sont concernés.

La surproduction d’huîtres de Bouzigues dans le bassin de Thau (Hérault), qui représentent 90% des huîtres de Méditerranée, est estimée entre 800 et 1.000 tonnes en ce qui concerne les calibres 0 et 1, confirme le président du Comité régional de conchyliculture de Méditerranée Philippe Ortin.

– Campagne « trop tardive » –

L’ostréiculteur met en cause la douceur automnale mais également une faible consommation à Noël, ainsi que le fait que les huîtres du bassin de Thau sont triploïdes, ce qui les empêche de se reproduire mais conduit à un fort développement. M. Viaud pointe du doigt également l’embargo alimentaire décrété en août dernier par la Russie en réponse aux sanctions occidentales liées à la crise ukrainienne.

Depuis 2008, l’ostréiculture connaît une crise en raison de la présence d’un herpès virus qui a décimé jusqu’à 75% des jeunes huîtres (naissains). Depuis 2013, les huîtres de taille adulte sont elles aussi victimes d’un taux de surmortalité important, pouvant atteindre 65% selon l’Ifremer.

« Les huîtres qui survivent continuent à grossir du fait qu’elles ont plus de place et surtout davantage d’aliments pour se nourrir vu qu’elles sont moins nombreuses », explique Philippe Le Gal, président du Comité régional de conchyliculture de Bretagne Sud, soulignant que les professionnels du secteur ont essayé de mettre en place davantage de naissains depuis 2008 pour pallier la surmortalité.

« On n’est pas revenus à une production normale », assure-t-il cependant, M. Viaud précisant qu’avant 2008 elle était de quelque 150.000 tonnes par an, contre 100.000 en moyenne depuis.

La petite production haut-normande (100 à 150 tonnes), concentrée à Veules-Roses où sont présents cinq ostréiculteurs, se dit en revanche plutôt satisfaite de la situation actuelle. « Pour nous, côté production c’est la stabilité avec une belle qualité,  » se réjouit Gérard Gallot, ce qui devrait ravir les consommateurs.

« Mangez des huîtres pour Pâques! Il n’y a pas que les chocolats, on mange les chocolats après les huîtres! » lance à leur égard Gérald Viaud. Une campagne de promotion « trop tardive » cependant pour Ronan Henry, ostréiculteur à Saint-Philibert (Morbihan), qui regrette « un manque d’anticipation des instances nationales », assurant avoir un surplus de production de 30%.

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