Des militants de Greenpeace dénoncent leurs conditions de détention en Russie

« La solitude me pèse et je suis cafardeux », confie Marco Weber dans une lettre publiée par les hebdomadaires suisses SonntagsZeitung et Le Matin Dimanche.

M. Weber, 28 ans, qui est membre de la section suisse d’escalade de Greenpeace, a indiqué qu’il était à l’isolement depuis 24 jours.

« La situation est difficile à supporter… Les journées sont longues », confie-t-il dans cette lettre écrite avant la réduction des charges contre les militants, désormais accusés de « hooliganisme » et non plus de « piraterie » comme auparavant.

« Les conditions de promenade quotidienne sont dégradantes et dévalorisantes. Je déambule seul dans un espace fermé de 4 mètres sur 5. Le sol et les murs sont en béton, aucune fenêtre, pas de lumière naturelle. Une grille épaisse verrouille le plafond, des gardes patrouillent au-dessus. La pièce est sale et humide », selon son témoignage.

Il affirme qu’il est obligé de porter sa veste d’hiver pour ne pas geler.

« Je suis depuis un mois en prison et je n’ai reçu aucun nouvelle — pas de journaux, ni radio ou télévision », écrit-il. Ses seuls contacts avec le monde extérieur se limitent aux visites que lui rend le consul suisse, selon son récit.

M. Weber souligne néanmoins qu’il ne regrette pas d’avoir participé à l’action du mouvement écologiste.

Le 18 septembre, l’équipage du navire Arctic Sunrise avait abordé une plateforme du géant russe du pétrole Gazprom pour tenter d’y déployer une banderole dénonçant les risques écologiques de l’extraction du pétrole dans l’Arctique.

« J’ai suivi ma conviction la plus profonde et mes valeurs en agissant ainsi et, donc, je ne regrette rien. Je suis persuadé d’avoir bien agi », assure-t-il.

Deux Britanniques membres du même groupe incarcérés dans la région de Mourmansk (nord de la Russie) partagent quant à eux leur cellule respective avec des co-détenus, d’après leurs témoignages publiés dans la presse.

Le journaliste Kieron Bryan, 29 ans, dit passer « 23 heures par jour » dans une cellule de 32m2 avec « rien d’autre qu’un livre à l’occasion, et mes pensées », en compagnie d’un détenu parlant russe.

Dans une lettre transmise au Sunday Times, pour qui il a travaillé, il exprime son angoisse de vieillir en prison.

« A beaucoup d’égards, je suis chanceux de ne pas avoir d’enfants qui dépendent de moi, mais l’idée de perdre des années de ma vie et peut-être l’opportunité de fonder une famille est terrifiant », témoigne-t-il.

Selon le journal, le plus difficile pour ce reporter vidéo a été la première nuit en prison, quand le groupe a été réparti dans des cellules avec des criminels.

« Ce qui est difficile, c’est le silence et l’ignorance imposées par notre détention. On se raccroche à la moindre nouvelle ou moindre message de compassion qui arrive à filtrer », dit-il.

Il raconte aussi que le plat de poisson servi au déjeuner a « le goût d’un cendrier rempli d’eau de mer » et que le « poulet » servi est en fait du pigeon.

Le militant Frank Hewetson, 45 ans, livre quant à lui un récit caustique publié dans l’Independent de sa co-existence dans une cellule de 10m2 avec deux gros fumeurs.

« J’espérais pouvoir vous fournir quelques vérités et observations sur l’Arctique russe. Eh bien ces observations risquent d’être un peu limitées, avec un mur d’enceinte de 30 m de haut et des barbelés », écrit-il.

Dans l’attente de leur procès, les militants sont en détention jusqu’au 24 novembre.

Le hooliganisme est punissable de sept ans de prison maximum dans un camp de travail selon le code pénal russe. Une condamnation pour piraterie peut valoir jusqu’à 15 ans de prison.

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