Pour ces ONG, l’Union européenne doit modifier la réglementation, afin de « combler ces failles » juridiques, et promouvoir un démantèlement des navires en fin de vie sans danger pour les travailleurs et respectueux de l’environnement.
De leur côté, les compagnies maritimes doivent « investir dans la construction » de sites de recyclage « protégeant pleinement les droits des travailleurs » et assurant un traitement « sûr et responsable » des déchets, ont souhaité dans un communiqué Human Rights Watch et Shipbreaking Platform.
Ces organisations, qui ont publié jeudi un rapport sur ces activités au Bangladesh, accusent les chantiers de démolition de bateaux du pays de « prendre souvent des raccourcis en matière de mesures de sécurité », de « déverser des déchets toxiques directement sur la plage et dans la nature environnante », d’exposer leurs personnels à des « conditions de travail dangereuses » et de leur « refuser un salaire décent, du repos ou une indemnisation en cas de blessure ».
D’après le rapport, « au Bangladesh, l’espérance de vie des hommes travaillant dans l’industrie de la démolition navale est inférieure de 20 ans à la moyenne ».
Les bateaux démantelés « contiennent des matières toxiques », comme « l’amiante, des métaux lourds, du pétrole » ou « des peintures et composés toxiques », mais « dans de nombreux cas, ces substances dangereuses ne sont pas correctement identifiées » et « les travailleurs sont ainsi exposés à des émanations et matériaux toxiques sans les protections nécessaires », selon le rapport.
« Les entreprises qui démolissent des navires dans les chantiers dangereux et polluants du Bangladesh réalisent des bénéfices au détriment des vies des Bangladais et de l’environnement », a protesté Julia Bleckner, chercheuse principale sur l’Asie de Human Rights Watch, citée dans le communiqué.
Les deux ONG notent que le Bangladesh est « une destination privilégiée pour la démolition de navires ». « Depuis 2020 », ajoutent-elles, « environ 20.000 travailleurs bangladais ont démoli plus de 520 navires, soit un tonnage bien supérieur à celui de tout autre pays ».
« Démanteler des navires sur les vasières soumises aux marées expose les travailleurs à des risques inacceptables avec des conséquences mortelles et provoque des dommages irréparables aux écosystèmes côtiers sensibles », a alerté Ingvild Jenssen, directrice et fondatrice de Shipbreaking Platform.
Or « le coût du recyclage durable des navires doit être assumé par le secteur du transport maritime, et non par les populations et l’environnement au Bangladesh », a-t-elle souhaité.