« C’est bien lui, mec, c’est +La Chancha+, on ne peut pas se tromper », dit Jorge Rodriguez, un des fils de Guillermino Rodriguez Solis, le pêcheur patron du naufragé.
Il réagit ainsi en voyant les photos du sauvetage montrées par les journalistes venus dans la localité de Chocohuital, dans la municipalité de Pijijiapan, dans l’Etat du Chiapas, au sud-est du Mexique. C’est là qu’on a vu pour la dernière fois « La Chancha », surnom donné par ses compagnons au naufragé José Salvador Alvarenga, retrouvé lundi par la police des îles Marshall.
Selon Guillermino Rodriguez, le patron d’Alvarenga, le Salvadorien de 37 ans avait quitté la côte le 20 novembre 2012, bien que le naufragé ait donné comme date le 24 décembre de la même année. Il dit avoir communiqué avec lui « une fois par radio », mais avant le brusque changement des conditions climatiques.
Ensuite, « quand nous avons vu que soufflait le vent du nord – cause du changement de temps – et qu’il ne revenait pas, nous avons cherché à le joindre, mais il ne répondait plus », raconte Guillermino. « On a fait ce qu’on a pu ». Ils ont demandé l’aide des autorités locales qui ont effectué des recherches pendant quatre jours, y compris à l’aide d’un hélicoptère.
Les photographies montrées par les journalistes provoquent l’effervescence dans le village de pêcheurs.
On peut à peine croire à l’odyssée d’Alvarengo. Pour les pêcheurs qui connaissent beaucoup d’histoires de naufrage, personne ne peut survivre 13 mois en haute mer. « Nous sommes surpris, mais maintenant que je le vois à la télévision, il n’y a pas de doute, c’est bien lui », dit William Uscanga, un autre pêcheur.
« +La Chancha+ est réapparu », annonce-t-on à Guillermina Morales, connue de tous comme « Tante Mina », dont la maison abrite reçoit les pêcheurs qui viennent s’y restaurer.
Selon Mina, Alvarenga était arrivé il y a plusieurs années du Salvador avec son frère pour, comme des milliers d’autres migrants, aller trouver du travail aux Etats-Unis.
« La Chancha, ça lui a plu ici et il est resté. Son frère est parti aux Etats-Unis », dit Tante Mina.
Entre le Mexique, où Alvarenga a passé au moins 15 ans, et les îles Marshall, en Micronésie, il y a plus de 12.500 km de distance.
En arrivant à Majuro, capitale de cet archipel du Pacifique, cet homme solidement bâti paraissait dans une étonnante bonne forme physique à son arrivée à Majuro, cinq jours après avoir mis pied à terre sur l’atoll reculé d’Ebon.
Il a raconté avoir survécu en se nourrissant de viande d’oiseau crue, de sang de tortue et d’urine. Son compagnon d’infortune, Xiguel, un jeune homme entre 15 et 18 ans, est mort au bout de 4 mois, a-t-il dit.