Les dirigeants de trois États insulaires avaient embarqué sur les pirogues à balancier, embarcation traditionnelle de Polynésie et de l’océan Indien, pour les dernières encablures de ce voyage épique.
Parvenues à destination le jour de l’ouverture dans la grande ville australienne du Congrès mondial des parcs, chargé d’étudier la protection d’aires terrestres et marines, les quatre pirogues étaient parties de Nouvelle-Zélande et des îles Cook, via les Samoa et les Fidji, affrontant plus de 6.000 milles nautiques de vents violents et d’écume rageuse.
La flottille symbolise le mode de vie millénaire des insulaires du Pacifique, ce mode de vie aujourd’hui mis en péril par le réchauffement climatique, a expliqué Tommy Remengesau, le président des Palaos.
« Hélas notre environnement est sous la pression terrible du développement et du changement climatique », a-t-il déclaré au cours d’une cérémonie haute en couleur sur le port « Darling Harbour » de Sydney envahi de danseurs fidjiens.
Il a appelé le monde à apprécier la valeur inestimable des cultures ancestrales du Pacifique.
« Nous sommes tous dans la même pirogue », a-t-il dit.
Pour le président des Kiribati, Anote Tong, le reste du monde a d’autant plus intérêt à se préoccuper des petits archipels océaniques que leur destin préfigure une catastrophe à grande échelle.
« Ce n’est qu’une question de temps. Nous ne sommes qu’une première alerte, le canari dans la mine de charbon », a-t-il prévenu.
Selon le plus optimiste des scénarios du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), la hausse globale des températures de la planète devrait osciller entre 0,3 et 1,7°C d’ici à la fin du siècle. Cette hausse entraînerait une hausse de 26 à 55 cm du niveau des mers.
Selon le plus pessimiste des scénarios, le réchauffement pourrait atteindre entre 2,6 et 4,8°C, pour une hausse des mers de 45 à 82 cm.
Anote Tong estime le moment crucial pour mobiliser les consciences avant la conférence de Paris en 2015, qui tentera de décrocher un accord suffisamment ambitieux pour limiter le réchauffement à 2°C.
« La communauté internationale commence à reconnaître la réalité du changement climatique » mais « le temps nous est compté », a-t-il insisté.
Hasard du calendrier, Barack Obama et son homologue chinois Xi Jinping, à la tête des deux pays les plus pollueurs de la planète, se sont fixé mercredi à Pékin de nouveaux engagements pour lutter contre le réchauffement climatique.