Ancien capitaine de frégate, Jorge Raul Vildoza avait réussi à échapper à la justice de son pays, contrairement aux nombreux militaires argentins jugés et condamnés pour crimes contre l’Humanité. Jugé en 2007 par contumace à Rome pour la disparition de trois ressortissants italo-argentins, il avait été condamné à la prison à perpétuité.
Chef de l’ESMA entre 1976 et 1980, il était accusé d’avoir volé le fils de personnes disparues, né dans ce centre de détention tristement célèbre de la dictature argentine (1976-1983).
Il est par ailleurs suspecté d’avoir été aux commandes des « vols de la mort », opérations par lesquelles le régime se débarrassait des opposants en les jetant des avions, drogués, dans le Rio de la Plata.
« Nous avons reçu le rapport d’Interpol hier (jeudi), mais nous sommes en train de procéder à des vérifications », a expliqué à l’AFP sous couvert de l’anonymat une source au bureau du juge fédéral Sergio Torres.
Selon la procédure, tant que le juge ne valide pas le document attestant le décès, la personne visée par des poursuites est toujours considérée en fuite.
Arrêtée en juillet 2012 en Argentine, l’épouse de Vildoza, Ana Maria Grimaldos, avait déclaré que son mari était mort le 27 mai 2005 à Johannesbourg, à 75 ans, mais le décès n’avait pu être constaté.
Le couple était en fuite depuis 1986, date à laquelle ils avaient quitté clandestinement l’Argentine pour la Suisse, emmenant avec eux un garçon de 9 ans, fils de disparus, qu’ils avaient enregistré comme étant le leur.
En 1990, l’adolescent avait vu sur internet que ceux qu’il croyait être ses parents étaient recherchés par la justice, et était entré en contact depuis Londres avec la justice argentine. Des analyses ADN ont permis de l’identifier comme étant Javier Penino Vinas,e fils de Hugo Penino et de Cecilia Viñas, qui était enceinte de sept mois lorsque tous deux furent incarcérés le 13 juillet 1977 à Buenos Aires.
Quelque 30.000 personnes sont mortes ou ont disparu sous la dictature militaire. Environ 500 bébés d’opposants ont été enlevés pendant la dictature, puis adoptés sous une fausse identité. Parmi eux, 119 ont retrouvé leur réelle identité.