Cette escale intervient deux jours après la fin d’un sommet de l’Association des pays d’Asie du Sud-Est (Asean) présidé par M. Duterte, au cours duquel les participants s’étaient gardés de critiquer l’expansionnisme chinois sur cette mer.
Le président philippin, qui s’est distingué de son prédécesseur en réorientant vers Pékin la diplomatie de son pays – allié traditionnel de Washington -, s’est rendu lundi à bord du destroyer Chang Chun en visite à Davao, la grande ville du sud dont M. Duterte a été le maire au cours des 30 dernières années.
Le Chang Chun est arrivé dimanche avec deux autres bâtiments chinois pour une escale de trois jours. La Marine philippine a précisé dans un communiqué que des matches de basket étaient organisés entre marins philippins et chinois lors de cette visite.
Les 10 membres de l’Asean se sont contentés à l’issue de leur sommet de prendre « acte des inquiétudes exprimées par certains dirigeants au sujet de récents développements dans la zone » de la mer de Chine méridionale.
Le texte ne mentionne pas le jugement de la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de la Haye qui, saisie par l’ex-président philippin Benigno Aquino, a dit en juillet que les prétentions de Pékin sur cette mer étaient illégales.
La Chine considère comme son territoire national la quasi totalité de cette mer sur laquelle quatre membres de l’Asean (Brunei, Malaisie, Philippines et Vietnam) ont aussi des revendications, tout comme Taïwan.
Pékin mène une politique intense de colonisation de minuscules récifs, en y effectuant d’importants travaux de construction et de remblaiement.
M. Duterte a pris le contrepied de son prédécesseur en cherchant à améliorer les liens avec la Chine dans l’espoir d’obtenir des milliards de dollars d’échanges et d’aide.
La Marine philippine a précisé qu’il s’agissait de la première escale de navires chinois dans l’archipel depuis 2010. Le fait qu’elle ait lieu à Davao, plutôt qu’à Manille, est largement interprétée comme un geste de reconnaissance de Pékin à l’égard de M. Duterte.
Le député d’opposition Gary Alejano, un ancien officier, a estimé que, lors du sommet de l’Asean, la Chine avait « gagné en convainquant M. Duterte de n’inclure aucune mention du jugement » de la CPA. « Pour aggraver les choses, M. Duterte a même visité des navires chinois », a déploré l’élu à l’AFP. « Il ne s’agit pas ici d’une politique étrangère indépendante, mais d’une capitulation vis-à-vis de la Chine ».