Lors d’une conférence de presse à Ankara avec son homologue italien Luigi Di Maio, le ministre turc, Mevlut Cavusoglu, a estimé que l’opération Irini était « partiale », et « n’a pas tenu compte des demandes et des préoccupations du GNA », le gouvernement de Tripoli soutenu par Ankara.
Il a reproché à cette mission de chercher à empêcher les livraisons d’armes par voie maritime destinées au GNA tout en passant sous silence celles fournies à l’homme fort de l’Est Khalifa Haftar par ses alliés par voies aérienne et terrestre.
« Est-ce qu’elle dit quoi que ce soit au sujet des avions (russes) qui arrivent en Libye en provenance de la Syrie? S’intéresse-t-elle aux armes fournies pour Abou Dhabi? A-t-elle dressé des rapports sur les fournitures d’armes à Haftar par la France? », s’est interrogé le ministre.
« La mission Irini n’est pas objective et ne contribue pas à un règlement du problème libyen ou au respect de l’embargo », a-t-il ajouté.
« Nous croyons que cette mission pourra contribuer, même si ce n’est pas la panacée, mais elle peut contribuer à ralentir l’entrée (des armes) et au respect de l’embargo des Nations unies », a pour sa par déclaré M. Di Maio.
La France a dénoncé cette semaine le comportement « extrêmement agressif » de la Turquie, membre de l’Otan, contre une frégate française engagée dans la mission Irini en Méditerranée lors d’une tentative de contrôle d’un cargo suspecté de transporter des armes vers la Libye.
L’Otan a annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête sur cet incident.
Le soutien armé d’Ankara au GNA, avec notamment le déploiement de conseillers militaires et de drones, a permis à celui-ci d’inverser le rapport de force et de multiplier les succès militaires ces dernières semaines contre les forces du maréchal Haftar.
Quant à l’Italie, elle se considère comme un acteur important face à la situation en Libye en raison de ses liens historiques avec ce pays en tant qu’ancienne puissance coloniale.
La Libye est en proie au chaos depuis la chute du régime Kadhafi en 2011. Depuis avril 2019, le conflit a fait des centaines de morts, dont de nombreux civils, et poussé plus de 200.000 personnes à fuir leur domicile.