Énième report du dossier de la reprise de la SNCM

Vendredi, le tribunal de commerce de Marseille devait examiner à huis clos les offres portées par Baja Ferries, associé au groupe Stef, l’ex-directeur du port de Marseille Christian Garin, le groupe corse Rocca et Corsica Maritima, une offre portée par un consortium d’entrepreneurs insulaires. Le tribunal avait rejeté en juin trois premières offres, de Baja Ferries, Christian Garin et Rocca.

A sa sortie du tribunal, vers 11H00, le secrétaire CGT du comité d’entreprise Marcel Faure résume la situation aux quelques dizaines de salariés rassemblés devant le tribunal: la procureur Catherine Alexandre a demandé un report de l’audience pour avoir plus de temps pour examiner les quatre offres de reprise.

« C’est interminable, ils ne savent plus quoi faire, c’est pire que les +Feux de l’amour+ », soupire l’un d’eux.

« C’est usant, ces reports, mais il vaut mieux reporter que retenir une mauvaise offre », déclare à la presse M. Faure, estimant en outre que ce report permettrait sans doute de clarifier l’avenir de la délégation de service public de continuité territoriale entre Corse et continent.

Ce mécanisme de subvention que la SNCM partage avec sa concurrente La Méridionale pour maintenir des lignes pas forcément rentables à l’année, devra être modifié à partir de 2016 en vertu d’une décision de justice.

Devant la cour, les administrateurs judiciaires ont « confirmé que l’Exécutif de Corse présenterait le contenu de l’appel d’offre de la future délégation de service public à la mi-octobre, soulignant l’intérêt pour le tribunal d’en avoir connaissance pour mesurer la fiabilité des business plans proposés, rejoignant ainsi l’analyse unanime des syndicats », souligne de son côté la CFE-CGC dans un communiqué.

-Discontinuité économique-

Pour les représentants de Corsica Maritima, ce report est une « demi-surprise » seulement, assure à l’AFP François Padrona, président de son conseil d’administration, qui évoque pour l’expliquer « les derniers éléments portés à la connaissance du tribunal au cours des dernières 24 heures » –avis des autorités de la concurrence française et européenne notamment, permettant de lever certaines conditions suspensives.

« Notre offre est sécurisée du point de vue opérationnel, juridique et financier », ajoute-t-il, se disant « plus que confiant ».

« Nous allons employer ce délai pour fournir les éléments nécessaires à la Commission européenne et le cas échéant adapter notre offre en tant que de besoin. Notre projet industriel est construit sur des bases financières, juridiques et sociales solides et pérennes », a réagi de son côté Marc Santoni, l’avocat représentant notamment Stef pour l’offre conjointe avec Baja Ferries.

Selon la CFE-CGC, l’offre conjointe Stef-Baja Ferries est en effet la seule des quatre qui n’avait pas obtenu avant l’audience de vendredi de feu vert de la Commission européenne sur son projet.

Le dossier SNCM est en effet compliqué depuis son origine par la menace, qui plane toujours, des lourdes condamnations de Bruxelles, qui exige de la compagnie le remboursement à l’État de plus de 400 millions d’euros d’aides publiques, considérées comme illégales.

Pour y échapper, les candidats doivent faire la preuve de la « discontinuité économique » de leur projet: en clair, la compagnie qui naîtra de la reprise de la SNCM doit être suffisamment différente de la compagnie actuelle pour ne pas avoir à payer.

Dans leur rapport que l’AFP a pu consulter, les administrateurs judiciaires de la compagnie, qui emploie plus de 1.400 salariés, avaient du reste recommandé au tribunal de rejeter cette offre de Baja Ferries et Stef – dont le projet de scinder en trois entités la compagnie pose « des difficultés juridiques majeures ».

L’offre de Christian Garin, qui reste « totalement obscure » quant à ses partenariats industriels et/ou financiers, n’avait également pas trouvé grâce aux yeux des administrateurs, qui ont aussi recommandé de la rejeter.

Les deux offres 100% corses peuvent en revanche aux yeux des administrateurs judiciaires être étudiées par le tribunal.

De leur côté, les représentants des salariés réunis en comité d’entreprise jeudi soir ont rejeté à l’unanimité les quatre offres, qui prévoient toutes la suppression d’environ la moitié des emplois de la compagnie.

mdm/dd/pb

STEF

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