L’audience aura lieu devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris.
M. Bolloré conteste sa mise en examen dans l’information judiciaire ouverte pour corruption lors de l’attribution de la gestion du port de Lomé, entre 2009 et 2011, et demande à être placé sous le statut plus favorable de témoin assisté, ce qui lui permettrait d’échapper à un procès.
Saisis depuis 2013, les juges d’instruction du pôle financier du tribunal de Paris soupçonnent le groupe Bolloré d’avoir utilisé les activités de conseil politique de sa filiale Euro RSCG – devenue Havas – pour décrocher frauduleusement la gestion des ports de Lomé, au Togo, et de Conakry, en Guinée, au bénéfice d’une autre de ses filiales, Bolloré Africa Logistics, anciennement appelée SDV.
Vincent Bolloré et Gilles Alix, directeur général du groupe Bolloré, ainsi que Jean-Philippe Dorent, directeur international de l’agence Havas, filiale de Bolloré, sont mis en examen depuis 2018.
Ils ont cependant obtenu en 2019 l’annulation de leur mise en examen pour une partie des infractions concernant la Guinée, pour cause de prescription.
Ils avaient déjà essayé d’éviter un long procès devant le tribunal correctionnel en négociant avec le parquet national financier une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC, sorte de « plaider-coupable » à la française) qui prévoyait une amende de 375.000 euros.
Lors de l’audience en 2021, MM. Bolloré, Alix et Dorent avaient reconnu les faits reprochés mais la juge avait refusé d’homologuer ces CRPC, estimant qu’il était « nécessaire » que les trois hommes comparaissent en correctionnelle.
Selon plusieurs sources proches du dossier, M. Bolloré réclame la nullité de la procédure d’instruction au motif notamment que sa reconnaissance de culpabilité lors de la CRPC y figure, à tort selon lui.
Sherpa et Anticor se sont constituées parties civiles, ont-elles annoncé jeudi dans un communiqué, pour « alerter sur les dangers et dérives de toutes les formes de justice négociée qui se sont développées récemment ».
« Il est en effet essentiel que les grandes affaires de corruption internationale soient jugées par un tribunal dans des conditions permettant l’accès du plus grand nombre à l’information et donc l’exposition de ces pratiques », estiment ces associations.
Les avocats de MM. Bolloré et Alix n’ont pas souhaité s’exprimer jeudi.
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