L’institut basé près de Brest recherche au total une quarantaine de personnes pour ses six bases scientifiques situées dans l’Arctique (Spitzberg), l’Antarctique (Dumont d’Urville et Concordia) et les îles subantarctiques (Amsterdam, Crozet et Kerguelen).
« Chaque année nous recrutons du personnel pour relever celui en place », explique à l’AFP Laurence André Le Marec, en charge du recrutement à l’institut, chargé de financer et mettre en oeuvre les programmes de recherche français dans les régions polaires, en collaboration avec des laboratoires étrangers.
Bardeur, magasinier, menuiser, plombier, mécanicien, électronicien, logisticien, biologiste, chimiste, mais aussi scaphandrier, vétérinaire, boulanger ou encore pâtissier: la palette des métiers recherchés est vaste, et parfois l’institut peine à recruter certains profils. « On reçoit beaucoup de profils de biologistes, mais pas assez de mécaniciens ou d’outilleurs car ces derniers ne nous connaissent pas », regrette Laurence André Le Marec.
Et puis, au-delà des compétences requises, il faut aussi être en mesure de vivre pendant un an, voire 14 mois, loin de tout, en collectivité et dans des conditions climatiques parfois extrêmes.
« Il faut être passionné par son métier, mais aussi en bonne santé », souligne la responsable. Ainsi, les candidats à l’aventure passent une visite médicale d’aptitude qui inclut des tests psychologiques. « On vérifie qu’ils sont aptes physiquement à faire ce type de mission et psychologiquement qu’ils sont aptes à vivre sur un site isolé, en collectivité et dans des conditions parfois extrêmes ».
– jusqu’à -80 degrés –
Le prochain mécanicien qui partira travailler sur la base Concordia, au coeur du continent Antarctique, au sein d’une équipe franco-italienne de 14 personnes en hiver (de mi-février à octobre) et une soixantaine en été, devra ainsi être en mesure de supporter des températures pouvant atteindre les -80°!
« Pas de retour possible en cours d’hivernage », prévient d’emblée la fiche de poste disponible sur le site de l’institut. Concordia est l’une des trois bases permanentes situées à l’intérieur des 14 millions de kilomètres carrés du continent antarctique, l’une des régions les plus isolées et inhospitalières de la planète.
« Toutes les bases ne sont pas sur ce niveau de température », s’empresse de souligner Laurence André Le Marec. Ainsi, le biologiste qui sera recruté sur l’île d’Amsterdam, à la limite des océans Indien et austral, pourra travailler « en tee-shirt », assure-t-elle.
« C’était génial », se souvient Claire Le Calvez, ancienne hivernante sur la base de Dumont d’Urville, en 2003, en tant que chimiste-glaciologue, puis en 2005 lors du premier hivernage à Concordia en tant que responsable technique. « Au niveau découverte du milieu naturel c’est génial, ce sont des souvenirs dont on garde la trace toute sa vie », explique-t-elle à l’AFP. « Ca change complètement la façon de voir les choses de se retrouver au pied d’icebergs qui font 40 mètres de haut, c’est exceptionnel », poursuit cette chimiste.
Elle a été embauchée à l’IPEV, qui compte une cinquantaine de permanents, à la suite de son séjour sur la base Dumont d’Urville, connue pour son blizzard, ses longues nuits polaires et ses vents pouvant dépasser les 300 kmh.
– Loin de la parité –
Mais les femmes restent peu nombreuses sur les bases de l’institut polaire. D’ailleurs, jusqu’en 2000 l’hivernage leur était interdit en Antarctique. A Dumont d’Urville il n’y actuellement que six femmes pour 24 hommes. « Je n’arrive pas à avoir la parité », regrette Laurence André Le Marec.
L’Institut polaire a ainsi pour la première fois cette année produit six vidéos dans lesquelles six anciennes hivernantes témoignent de leur expérience. Objectif: inciter davantage de femmes à se porter candidates.
Sur les 40 postes offerts, trente sont réservés à des volontaires de service civique, nourris et logés et dont la rémunération est de 1.024 euros nets par mois.