Eolien flottant: la France joue son va-tout dans cette filière émergente

« La France cherche à se positionner favorablement sur cette filière dès le démarrage et en amont des phases de développement technologique », remarque Antoine Rabain, spécialiste en économie maritime au cabinet Mprime Energy.

Avec un potentiel de 6 gigawatts (GW) en France –la puissance électrique d’un réacteur nucléaire est de l’ordre d’un GW– et de 80 GW dans le monde, l’éolien flottant est une énergie d’avenir.

« L’éolien flottant est une des priorités actuelles du gouvernement », poursuit le spécialiste en marge de la première édition du colloque FWP (Floating wind power) dédié à l’éolien flottant et organisé par les régions Bretagne et Pays de la Loire dans le cadre de la Sea Tech Week, semaine internationale des sciences et technologies de la mer. Elle rassemble tous les deux ans à Brest les experts internationaux des différentes disciplines liées à la mer.

« Même si techniquement l’éolien posé peut représenter en France un très grand marché, le fait de devoir être proche des côtes et dans des zones où il y a beaucoup de conflits d’usage avec la pêche ou le tourisme, fait qu’on va avoir envie d’aller plus au large », explique Antoine Rabain.

Car les éoliennes flottantes, simplement ancrés au plancher marin au moyen de câbles, peuvent être installées jusqu’à 250 mètres de profondeur, donc loin des côtes et là où les vents sont plus forts et stables, contre seulement 40 mètres pour les éoliennes posées, qui doivent se situer plus près du rivage.

Autre avantage des engins flottants: leur assemblage se fait à terre avant d’être remorqués sur zone, ce qui réduit les coûts, alors que les moyens maritimes nécessaires pour couler les fondations des éoliennes posées sont coûteux et limités.

Marc Lafosse, organisateur du forum FWP, assure à l’AFP que la compétition mondiale en termes d’éoliennes flottantes « se joue à une petite dizaine de pays », dont trois ont déjà installé des démonstrateurs (Portugal, Norvège et Japon).

-Des Français sont leaders-

Et dans cette course, la France semble bien placée. « Les flotteurs des éoliennes ne peuvent être construits que par l’intermédiaire de chantiers navals et, dans ce domaine, nous avons des leaders », fait valoir Marc Lafosse, spécialiste des énergies marines, citant STX, DCNS ou CMN. « Ces groupes sont capables de produire des machines en série et c’est là l’atout de la France ».

Signe de la place prépondérante occupée par la France dans cette filière émergente: le projet porté par l’Université américaine du Maine, qui prévoit le développement d’une ferme pilote d’éoliennes flottantes de 12 MW au large de cet Etat de l’extrême nord-est des Etats-Unis, se fera en partenariat avec DCNS.

« Nous avons rencontré il y a près de deux ans les gens de DCNS et avons été impressionnés par leur expérience et leur engagement dans la filière de l’éolien flottant », raconte dans un courriel à l’AFP Habib Dagher, à la tête du Centre de recherche de l’Université du Maine.

« La première machine offshore en France sera une machine flottante », rappelle à l’AFP Alain Delsupexhe, président du spécialiste de l’éolien flottant Eolfi. D’une puissance de 2 MW, cette éolienne sera mise en service en 2017 au large du Croisic (Loire-Atlantique).

Actuellement, deux projets de fermes pilotes ont été retenus en France dans le cadre d’un appel d’offres: un en Bretagne, au large de l’île de Groix, à 15 km de la côte (Eolfi et CGN), constitué de 4 machines de 6 MW chacune, et le deuxième de 4 éoliennes de 6,12 MW sur la zone de Gruissan, en Méditerranée.

sf/jlv

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