Le « décret-loi », publié le 12 mai par le conseil des ministres, a été approuvé par le Congrès des députés, par 174 votes pour, 165 contre et huit abstentions.
Il doit encore être approuvé par le Sénat, où le Parti populaire (PP, droite) du chef du gouvernement Mariano Rajoy dispose de la majorité absolue.
En mars, un texte en ce sens avait été rejeté par 142 voix pour, 175 contre et 33 abstentions, constituant le premier revers d’envergure pour M. Rajoy, qui gouverne en minorité avec 133 députés sur 350 à la chambre basse.
Il prévoyait de mettre fin au système d’embauche des dockers en vigueur.
Jusqu’ici, les entreprises souhaitant embaucher des manutentionnaires dans les ports devaient passer par des « sociétés de gestion des travailleurs portuaires » qui les obligeaient à recruter prioritairement les quelque 6.000 dockers qu’elles employaient.
Cette réglementation avait été jugée en 2014 contraire à la liberté d’établissement en vigueur dans l’UE par la Cour de justice de l’Union européenne qui exige à l’Espagne qu’elle protège la liberté d’embauche.
Le nouveau texte rend facultatif le recours à ces groupes pour embaucher, patronat et syndicats devant négocier dans chaque port les conditions de travail des travailleurs issus de ces sociétés.
Pour les contrats ne passant pas par ces sociétés de gestion, les conditions de travail seront négociées à l’échelle de chaque entreprise, comme c’est le cas de manière générale depuis la réforme du droit du travail élaborée par les conservateurs en 2012.
En outre, le texte exige notamment une formation spécifique aux travaux portuaires.
Mais les principaux syndicats de dockers, qui réclamaient que l’embauche prioritaire reste garantie par la loi, ont maintenu leur préavis de grève pour le 24 mai.
A partir de cette date, les grévistes travailleront normalement un jour sur deux et une heure sur deux le reste du temps.
« Avec l’excuse de faire passer le décret, ils refilent le problème aux patrons et syndicats », a déclaré à l’AFP Israel Ruiz, porte-parole de la branche maritime-portuaire du syndicat UGT.
La Fédération internationale des travailleurs du transport (ITF selon son sigle en anglais) a pour sa part dénoncé dans un communiqué « un cynique marchandage des partis politiques qui se moquent des conséquences sur les êtres humains qui travaillent dans ces ports ».