Etats-Unis et Philippines mènent des manoeuvres militaires conjointes

Manille, 28 mars 2022 (AFP) – Les Philippines et les Etats-Unis ont entamé lundi des manoeuvres militaires conjointes dans l’archipel, les plus importantes à ce jour, dans un contexte de regain de tensions dans la mer, contestée, de Chine méridionale.

Ces exercices sont les derniers à se dérouler sous la présidence de Rodrigo Duterte, qui avait menacé de mettre fin au traité militaire qui unit son pays aux Etats-Unis, son allié de longue date, pour se tourner vers la Chine.

Près de 9.000 militaires philippins et américains participeront à ces manoeuvres qui doivent se dérouler durant 12 jours sur l’île de Luçon, la plus grande du pays.

Ces exercices annuels avaient été annulés ou réduits lors de la pandémie de coronavirus.

Le général Andres Centino, chef des forces armées philippines, a déclaré lors du coup d’envoi de ces manoeuvres à Manille que cet exercice, appelé Balikatan, témoignait de « l’approfondissement de l’alliance » entre les deux pays.

« L’amitié et la confiance » entre les forces armées des deux pays leur permettra de « réussir ensemble (…) des opérations militaires », a assuré le général de division américain Jay Bargeron.

Ces exercices comporteront des opérations amphibies, des entraînements au tir réel et porteront sur la sécurité maritime, la lutte contre le terrorisme, l’aide humanitaire et les secours en cas de catastrophe.

Les récentes manoeuvres entre les deux pays ont porté sur un éventuel conflit potentiel en mer de Chine méridionale, dont Pékin revendique la quasi-totalité.

– « Eaux riches » –

Depuis son arrivée au pouvoir en 2016, le président Duterte s’est rapproché de la Chine, mais il s’est heurté à la résistance de l’opinion publique philippine et à l’inquiétude de l’armée qui se méfie des ambition de Pékin dans ces eaux riches en ressources naturelles.

Pékin a ignoré la décision d’une juridiction basée à La Haye, la Cour permanente d’arbitrage (CPA), qui avait donné raison à Manille en 2016, en estimant que Pékin n’avait aucun « droit historique » sur cette mer stratégique.

En février 2020, le président philippin avait annoncé son intention de sortir de l’accord VFA (« Visiting Forces Agreement »), qui offre un cadre légal à la présence de troupes américaines aux Philippines et à l’organisation d’exercices militaires conjoints.

Il est revenu sur cette décision en juillet alors que les tensions entre Manille et Pékin sur la mer de Chine méridionale s’intensifiaient après la détection, plus tôt dans l’année, de centaines de navires chinois stationnés sur un récif au large des Philippines.

A la veille du coup d’envoi de ces manoeuvres, les garde-côtes philippins ont accusé leurs homologues chinois d’avoir mené un de leurs navires à quelques mètres d’un patrouilleur philippin dans la mer de Chine méridionale, en violation des règles internationales, et d’avoir risqué une collision.

L’incident s’est produit le 2 mars près du récif contesté de Scarborough, l’une des zones de pêche les plus riches de la région et un point chaud entre les deux pays.

Selon le service des garde-côtes philippines, c’est la quatrième fois au cours de l’année écoulée qu’un navire des garde-côtes chinois effectuait des « manoeuvres à distance rapprochée » près du récif,

M. Duterte, dont le mandat de six ans se termine en juin, s’est récemment inquiété du fait que les Philippines étaient « impliquées » dans les relations tendues entre Washington et Pékin en raison de leur alliance avec les États-Unis.

Cette dernière comprend un traité de défense mutuelle et l’autorisation pour l’armée américaine d’avoir des équipements militaires sur plusieurs bases philippines.

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