Face à la concurrence, Naval Group et Fincantieri concrétisent leur alliance

« C’est l’aboutissement d’une ambition industrielle partagée, qui est le positionnement à long terme de l’industrie navale européenne dans un marché international qui s’est profondément transformé », a déclaré Hervé Guillou, le PDG de Naval Group à deux journalistes, dont l’AFP.

« Nous sommes de très loin les deux plus gros acteurs européens du naval, mais qui sur leur seul marché domestique ne peuvent pas entretenir la totalité de leurs compétences et maintenir leur compétitivité. »

Cette décision s’inscrit dans le cadre du projet « Poseidon » de rapprochement des deux groupes lancé à l’occasion du sommet franco-italien de Lyon en 2017.

Le projet prévoyait initialement une prise de participations croisées, initiative abandonnée au profit de la création d’une société commune décidée en octobre 2018. Naval Group est détenu à 62% par l’Etat français et à 35% par Thales.

L’accord a été symboliquement signé vendredi par Giuseppe Bono, le patron de Fincantieri, et Hervé Guillou, à bord de la frégate « Frederico Martinengo », dans la ville portuaire italienne de La Spezia.

« Ensemble, en associant une partie de nos forces, notre sujet est d’arriver à croître face à une évolution considérable du marché », a expliqué M. Guillou.

« Nous souhaitons conduire notre avenir, la construction de notre souveraineté nationale plutôt que de subir à terme les difficultés d’une entreprise qui n’aurait pas une taille critique face à ces géants. »

Les groupes chinois sont devenus les premiers dans le monde en 2018 avec 9 milliards de chiffre d’affaires, et les Russes seront les deuxièmes mondiaux en 2020.

Les deux PDG siègeront au conseil d’administration de cette société commune, détenue à parité, et « nous devons être d’accord à l’unanimité sur toutes les décisions », a-t-il souligné.

Le conseil sera équilibré entre Français et Italiens avec six membres au total. Il aura de plus deux directeurs, Jean-Yves Battesti, secrétaire général de Naval Group et Alberto Maestrini, directeur délégué de Fincantieri.

L’équilibre géographique sera également préservé avec le siège commercial à Gènes et l’ingénierie à Oulioules (Var).

– « Offres en commun » –

Les deux groupes entendent trouver des complémentarités dans leur implantation internationale, dans les lignes de produits, des synergies dans l’investissement en recherche et développement (R&D), et promouvoir ensemble de nouveaux dossiers dans le cadre de l’Europe de la défense.

« En France, même avec une Loi de programmation militaire (LPM) à 2% du PIB, il faut que nous arrivions à compléter notre carnet de commande d’environ 40 à 50% d’export en plus des commandes du ministère des Armées », a expliqué Hervé Guillou.

« Nous devons arriver à exécuter avec des tarifs 30% inférieurs à ceux de certains de nos homologues occidentaux, les navires pour la marine française, mais aussi à maintenir nos compétences entre les développements des programmes français. »

Selon lui, cela doit rapporter en moyenne 400 millions d’euros de pouvoir d’achat à la marine française tous les ans. « Les Italiens ont un enjeu similaire », dit-il.

A l’export, « notre objectif est de gagner une ou deux frégates de plus chaque année d’ici 5 à 7 ans ensemble », selon Hervé Guillou. Cela doit se traduire par 4 à 5 milliards d’euros de prises de commandes supplémentaires à l’international dans les 10 prochaines années, selon Jean-Yves Battesti, et des synergies de coûts de 10 à 15%, soit « une centaine de millions ».

L’opération doit être finalisée dans un mois mais les équipes se mettent au travail dès ce vendredi.

« Nous préparons pour le début du mois de juillet notre première offre sur les études de refonte des frégate Horizon », a indiqué Hervé Guillou, et « nous nous sommes déjà mis d’accord avec les Etats sur cinq projets de R&D pour effectuer des offres en commun » et déposer aussi avec le soutien de Paris et Rome un dossier à Bruxelles pour l’+European patrol corvette+.

A l’export, « on a déjà décidé trois campagnes à faire en commun (…) dès lundi matin le travail sur ces campagnes va commencer, mais je souhaiterais en réserver la primeur à nos clients. »

dlm/ef/az

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