Tôt le matin, le navire Aidastella, de la compagnie allemande Aida, a dû faire demi-tour, douze canoës s’étant positionnés à l’entrée de la rade nord de Marseille, l’empêchant ainsi d’entrer dans le port. Ce navire d’une capacité d’environ 2.000 personnes attend à proximité.
Deux autres navires de croisières dont le MSC World Europa, 6ème plus gros paquebot au monde (plus de 2.600 cabines, 6.000 passagers, 13 restaurants, un centre commercial) et le Costa Smeralda sont visibles au large et doivent en principe arriver samedi matin à Marseille, deuxième plus grande ville de France.
Le collectif « Stop croisières » dénonce « la pollution de l’air causé par ces navires, véritables villes sur l’eau », avec un impact « négatif sur la santé des populations et la biodiversité marine ». Le collectif dénonce aussi les conditions de travail à bord.
En 2022, le port de Marseille a accueilli 1,5 million de croisiéristes et 2,5 millions l’année dernière, selon l’observatoire du tourisme de la ville.
L’hostilité grandit en Europe face à l’industrie des croisières, source de revenus pour les villes escales mais jugée nuisible à la santé des riverains et à l’environnement. Ces dernières années, Venise ou Amsterdam ont interdit leur centre-ville aux géants des mers.
Le collectif Stop croisières est le fruit d’une prise de conscience pendant la crise du Covid-19.
« Quand partout en France on voyait des vidéos de la nature qui reprend ses droits, des petits oiseaux en ville et autres images pittoresques, certains quartiers de Marseille enregistraient un air encore plus pollué, du fait du nombre de bateaux de croisières confinés à quai et obligés de faire tourner leur moteur », a expliqué Andrea, un de ses membres qui préfère rester anonyme par crainte des poursuites judiciaires.
En mars 2023, des associations et des riverains du port de Marseille ont déposé une plainte contre X contre les impacts des pollutions liées au trafic maritime dans les installations portuaires, les seuils de pollution atmosphérique autorisés par la législation européenne étant régulièrement dépassés sur l’agglomération.
Les activités maritimes sont responsables de 39% des émissions de dioxyde d’azote (NOx, un polluant de l’air) sur la métropole marseillaise, juste derrière le trafic routier (45%), selon AtmoSud, organisme de mesure de la qualité de l’air.