La Turquie avait prévenu début octobre qu’elle s’apprêtait à envoyer un navire sismique sonder les fonds marins dans un secteur où le consortium italo-coréen ENI-Kogas, mandaté par la République de Chypre, mène des explorations destinées à découvrir d’éventuels gisements de gaz.
Cette annonce avait poussé Nicosie à se retirer de la table des laborieuses négociations de paix visant à réunifier l’île coupée en deux depuis 1974, et dont la partie nord (RTCN) n’est reconnue que par la Turquie.
Les autorités chypriotes « surveillent étroitement » les navires turcs, a déclaré le ministre de la Défense Christoforos Fokaides à la radio nationale, et examinent leurs options pour « défendre leurs droits et leur souveraineté », sans préciser les mesures envisagées.
Le président chypriote Nicos Anastasiades a dirigé une réunion d’urgence avec les responsables des partis politiques de l’île pour discuter de la réponse appropriée aux agissements turcs, ont indiqué des responsables.
Selon des images satellites, les navires sismiques turc étaient lundi à une vingtaine de milles nautiques de la cote sud-est de l’île méditerranéenne, près du bloc 3 de la ZEE.
Le navire sismique turc, le Barbaros, est accompagné de deux autres navires et d’une frégate de l’armée turque, selon les autorités chypriotes.
Chypre ambitionne de devenir une plateforme gazière régionale depuis la découverte en 2011 d’un premier bloc gazier dont les réserves atteindraient, selon les estimations, entre 100 et 170 milliards de m3 de gaz.
L’île compte sur ses réserves en hydrocarbures pour se sortir d’une crise qui a l’obligé à accepter en 2013 un plan de sauvetage de 10 milliards d’euros, assorti de conditions draconiennes.
Mais la Turquie s’oppose à l’exploitation de gisements gaziers ou pétroliers par le gouvernement grec-chypriote avant tout accord de paix, réclamant que les Cypriotes-turcs bénéficient des retombées de ces richesses.
Par ailleurs, la marine russe menait lundi des exercices dans les eaux internationales entre Chypre et la Syrie.