A l’occasion de son premier discours de Première ministre devant le Parlement, Theresa May a défendu le renouvellement du programme nucléaire, qu’elle a qualifié d' »assurance ultime » pour la sécurité du pays.
Les parlementaires ont approuvé la mesure à 472 voix contre 117, à l’issue de six heures de débat.
Plus de 70% des députés travaillistes ont donné leur feu vert (soit 138 députés) à cette mesure du gouvernement conservateur, en dépit de les positions pacifistes de leur dirigeant Jeremy Corbyn.
« Il est impossible de dire avec certitude qu’aucune menace extrême n’émergera dans les 30 ou 40 prochaines années, menaçant notre sécurité et notre mode de vie », a fait valoir Theresa May lors du débat.
Pressée par un député écossais du SNP de dire si elle était prête à utiliser une arme qui pourrait tuer 100.000 personnes, Theresa May a répondu « oui ».
« Tout l’intérêt d’un système dissuasif est que nos ennemis sachent que nous sommes prêts à l’utiliser », a-t-elle ajouté.
« Nous devons envoyer le message sans équivoque à tout adversaire que le coût d’une attaque contre le Royaume-Uni ou nos alliés sera toujours beaucoup plus grand que tout ce qu’il pourrait espérer gagner d’une telle attaque », a-t-elle encore dit.
Jereym Corbyn avait formulé son opposition à cette mesure. « Je ne prendrai pas une décision qui tuera des millions d’innocents. Je ne crois pas que la menace de meurtres de masse soit un moyen légitime de mener les relations internationales », a-t-il déclaré lundi.
Le chef du Labour, en butte à une fronde d’une majorité des députés travaillistes depuis que les Britanniques ont voté pour quitter l’Union européenne le 23 juin, a cependant décidé de leur laisser leur liberté de vote.
Le Royaume-Uni est l’une des trois nations de l’OTAN possédant l’arme nucléaire avec la France et les Etats-Unis.
La flotte nucléaire vieillissante est basée à Faslane, dans l’ouest de l’Écosse. Elle doit être remplacée par des submersibles « Successor », pour une entrée en service au début des années 2030.
Un des quatre sous-marins britanniques est en permanence en mission quelque part dans le monde, deux sont au port prêts à partir et le quatrième est en maintenance.
En février, plusieurs dizaines de milliers de manifestants avaient défilé à Londres pour protester contre le renouvellement du programme Trident, à l’appel de mouvements anti-nucléaires.
Lundi, la Campagne pour le désarmement nucléaire a affirmé que le programme Trident allait en réalité coûter 205 milliards de livres du fait des coûts associés au programme. Jeremy Corbyn a lui évoqué le chiffre de 179 milliards de livres.
Quelques dizaines de manifestants se sont réunis en début de soirée devant le Parlement pour exprimer leur opposition au programme.
« Ils pourraient dépenser l’argent pour tellement d’autres choses que des têtes nucléaires », a déclaré à l’AFP Ross Brown, un conseiller municipal de 30 ans de Belfast.
« Si elles tombent dans de mauvaises mains, cela pourrait être tellement danger pour la sécurité international », a-t-il ajouté.