Durant plusieurs heures, des dizaines de tracteurs ont stationné sur le quai du port de Volos, dans le centre de la Grèce, entravant le transport de passagers et de marchandises, selon un photographe de l’AFP.
Ils ont quitté les lieux en début d’après-midi, selon la même source.
Sur ce port commercial, porte d’entrée vers la plaine agricole du centre, une banderole a été déployée dénonçant « l’inertie (gouvernementale) face aux pêcheurs ruinés ».
« La pêche n’est plus rentable en Grèce », a fustigé Panayiotis Perrakis, président de l’union des pêcheurs de Magnésie, la région dont Volos est le chef-lieu.
Il a notamment dénoncé le prix du carburant mais aussi les pertes subies par le secteur halieutique après le passage de deux tempêtes, dont l’une particulièrement dévastatrice en 2023.
Environ 20.000 hectares de plaine dans cette région agricole de Thessalie avaient été inondés et une centaine de tonnes de poissons d’eau douce retrouvés morts dans le port.
Dans le reste du pays, des dizaines de milliers de tracteurs des agriculteurs et éleveurs continuent de bloquer les principaux axes routiers dans le cadre de ce mouvement de colère entamé fin novembre.
« Nous ne reculons pas », a assuré à l’AFP Dimitris Loufopoulos, un producteur de blé de 37 ans.
« La question est de savoir si nous pouvons continuer à produire des aliments de qualité », a-t-il ajouté. « Cela dépasse la Grèce, c’est un problème européen ».
Les postes-frontières dans le nord du pays sont également fermés au moins quatre heures par jour, entravant la circulation routière avec la Macédoine du Nord, la Bulgarie et la Turquie, selon la police locale.
Le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis se retrouve sous pression et son porte-parole, Pavlos Marinakis, a à nouveau invité les représentants des agriculteurs au dialogue.
« Les agriculteurs doivent désigner leurs représentants et entamer le dialogue », a-t-il répété sur la chaîne de télévision Action 24.
Une réunion d’urgence sous l’égide du chef du gouvernement doit avoir lieu mercredi, a indiqué la télévision publique ERT.
Les agriculteurs manifestent leur colère depuis la fin novembre réclamant le versement de subventions européennes, retardé par un retentissant scandale de fraude sur laquelle le Parquet européen mène une vaste enquête.
Athènes a promis d’allouer des fonds supplémentaires aux agriculteurs qui subissent en outre cette année la faiblesse des prix de leurs produits, la hausse des coûts de l’énergie et une épidémie dévastatrice de variole ovine.
« Le Premier ministre doit fournir des solutions, pas seulement (faire) des promesses », a martelé Yorgos Terzakis, président des éleveurs de Magnésie sur ERT.
Lundi la mobilisation avait franchi un nouveau pas avec l’occupation des aéroports internationaux sur l’île de Crète (sud) et des heurts entre forces antiémeute et manifestants.
Des agriculteurs et éleveurs de la plus grande île de Grèce sont tout particulièrement dans le collimateur de la justice européenne, soupçonnés d’avoir déclaré des terres qu’ils ne possédaient pas ou d’avoir fortement exagéré la taille de leurs troupeaux.
En Grèce, le secteur agricole est en déclin et ne représenté qu’environ 4% du PIB, selon des données officielles de 2023.




