La donne pourrait cependant évoluer « dans les prochaines heures », ont fait savoir les syndicats en fin d’après-midi, à l’issue d’une rencontre à Marseille avec le préfet de région Michel Cadot. « Nous avons eu un échange très constructif, nous avons étudié plusieurs pistes, et le préfet s’est engagé à revenir vers nous rapidement », ont rapporté à l’AFP Maurice Perrin et Pierre Maupoint de Vandeul, délégués CFE-CGC, sans plus de détails à ce stade.
La SNCM est en grève depuis mercredi pour la deuxième fois depuis janvier et depuis le renouvellement de la DSP de transport maritime entre la Corse et le continent.
Un mouvement fustigé par M. Bartoli. « J’envisage la rupture et la dénonciation de la délégation de service public » et « nous n’hésiterons pas à aller jusqu’à la réquisition si nécessaire en intervenant auprès du préfet », a-t-il déclaré à la radio France Bleu Frequenza Mora (RCFM).
« On ne peut pas prendre en permanence la Corse et son économie en otages », a-t-il souligné. Aussi, a-t-il prévenu, les autorités insulaires envisagent-elles « la rupture et la dénonciation unilatérale de la DSP ».
« Nous ne voulons pas la mort de la SNCM mais nous avons besoin d’une SNCM +relookée+ », a ajouté le président de l’OTC. Il a indiqué être en contact permanent avec celui de la Collectivité territoriale de Corse, Paul Giacobbi, le ministère des Transports et la direction de la SNCM. « Mais, a-t-il ajouté, je ne peux pas intimer d’ordre aux actionnaires ou à l’Etat ».
Le représentant CGT (majoritaire) des marins de la SNCM, Frédéric Alpozzo, a répliqué sur RCFM que « M. Bartoli devrait plutôt aider à une sortie du conflit, que d’envisager d’envoyer des gens au chômage et de casser le service public. On préférerait le voir agir auprès du gouvernement où il a des amis politiques ».
La grève a été reconduite vendredi matin à l’unanimité, et « renforcée avec de nouveaux grévistes », selon M. Alpozzo, après le retour à Marseille d’un bateau, le Danielle Casanova, d’Algérie, sur laquelle se tiendra samedi à 09H une nouvelle assemblée générale pour décider de la suite du mouvement.
Des élus marseillais de toutes tendances avaient appelé jeudi le gouvernement et le président François Hollande à intervenir dans ce conflit.
Les syndicats espèrent par ce mouvement faire pression sur le gouvernement pour évincer l’actionnaire principal Transdev (66%), face aux « menaces graves et imminentes » pesant sur l’avenir de la compagnie.
Avec les élus marseillais, ils souhaitent que « la direction soit confortée pour pouvoir appliquer le plan de redressement » et « qu’un actionnariat provisoire » soit mis en oeuvre avec l’arrivée de nouveaux partenaires.
Le ministre des Transports Frédéric Cuvillier a dénoncé jeudi « les propos (…) alarmistes » des actionnaires majoritaires qui « ne sont pas acceptables », affirmant que « tous les engagements qui ont été pris au lendemain de la crise du mois de janvier ont été tenus par l’Etat », actionnaire direct à 25% de la compagnie.
La SNCM est engagée dans un plan de redressement prévoyant un renouvellement de la flotte, une augmentation du temps de travail et une réduction d’environ 500 postes sur 2.600. Ce plan est jugé « fragile » par Transdev qui exige des mesures plus drastiques.
La SNCM fait face à des difficultés financières chroniques. La justice européenne a récemment décidé qu’elle devait rembourser 440 millions d’euros d’aides indues à l’Etat et à la Corse.
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