« La Guyane n’est ni un département français ni ultramarin comme les autres de par sa superficie et ses enjeux, à la fois sécuritaire, migratoire mais aussi de développement économique, d’énergie », a souligné auprès de l’AFP la ministre déléguée chargée des Outre-mer, Marie Guévenoux, à l’issue d’une visite de trois jours.
« Pour moi, l’enjeu c’est de permettre aussi au président de la République d’avoir le ressenti du ministre de l’Outre-mer sur ce qui lui semble important de traiter », a-t-elle ajouté.
Parmi les nombreux enjeux de la visite que doit effectuer le chef de l’Etat du 24 au 26 mars figure le désenclavement. Le sujet est source d’un intense débat depuis 2023 et la liquidation de la compagnie Air Guyane qui a mis en exergue l’enclavement du territoire. Sept des 22 communes ne sont pas reliées au réseau routier, lui-même peu développé.
Marie Guévenoux s’est aussi penché sur le développement économique guyanais, alors que 53% des Guyanais vivent sous le seuil de pauvreté.
La ministre a notamment voulu rassurer chefs d’entreprises et représentant des filières sur la réforme éventuelle de l’octroi de mer, taxe indirecte sur les produits importés censée protéger le marché local tout en fournissant une part importante des recettes des collectivités.
« Les ressources pour les élus et la protection du marché local guideront la réforme du gouvernement. Le rapport de la Cour des comptes n’est pas celui du gouvernement », a assuré Mme Guévenoux à propos d’un rapport prônant une réforme de cette taxe jugée « à bout de souffle ».
La pêche, l’agriculture, les transports et la mine font partie des secteurs en souffrance en Guyane. Ils se sont réunis en février au sein d’un mouvement interfilière dénonçant le « marasme économique de la Guyane » et « l’empilage de normes ».
Des élus souhaitent en outre une évolution du statut de la Guyane inspirée de la marche de la Corse vers l’autonomie.
« Le dossier corse est très proche du nôtre. Gérald Darmanin doit nous accorder le même statut car nous avons le même raisonnement », a estimé auprès de l’AFP le président de la Collectivité territoriale de Guyane, Gabriel Serville, se réservant « le droit de ne pas suivre la visite présidentielle si nous n’avons pas de signaux positifs d’ici là ».
« Il n’y a pas de tabou sur ce sujet. Le président de la République l’a dit en ces termes (…). C’est (…) aux élus locaux (…) de définir quelles sont les compétences qu’ils souhaiteraient voir endosser par la collectivité, celles endossées par l’Etat et celles partagées », a réagi Marie Guévenoux.