Prenant la parole sous une tente installée sur un quai du Havre, juste à côté du CMA CGM Bougainville, le plus grand porte-conteneurs du monde sous pavillon français qu’il était venu baptiser, le chef de l’Etat a détaillé tous les avantages que pourrait retirer la France en misant sur son développement maritime.
Il faut, a-t-il expliqué, « investir dans la mer, dans tout ce qu’elle peut apporter: l’énergie maritime, l’aquaculture, le tourisme, les croisières, les biotechnologies, les ressources marines, la pêche, le transport, l’activité portuaire, la transformation, la construction navale, plein de métiers qui peuvent tirer toute une industrie ».
Rappelant que la France, grâce à ses possessions outre-mer, avait le deuxième domaine maritime du monde (11 millions de km2), il a estimé qu’il fallait faire « fructifier » un tel capital.
« Ce qui est baptisé, ce n’est pas simplement un bateau, une performance, ce que nous voulons dire au monde, c’est que la France veut prendre toute sa place », a estimé M. Hollande.
Au cours de cette cérémonie d’inauguration, le président français a rendu hommage au président fondateur de la CMA-CGM Jacques Saadé, 78 ans, qui a bâti la troisième compagnie maritime du monde alors qu’il était parti de Syrie et du Liban « après avoir tout perdu ».
– « Simplification administrative » –
Le président français a vanté aussi le développement des nouvelles technologies par la compagnie dont tous les conteneurs seront des « objets connectés », équipés d’un dispositif électronique permettant de vérifier aussi bien la position géographique que les variations de température, le taux d’humidité, les vibrations ainsi que d’éventuelles effractions ou chocs.
M. Hollande a aussi souligné l’essor du port du Havre, deuxième port français, premier pour le transport de conteneurs, cinquième port nord-européen (associé à Rouen et Paris dans Haropa) qui est « en croissance continue depuis 2011 et qui gagne des parts de marché ».
Evoquant le développement de l’axe Seine Paris-Rouen-Le Havre, déjà objet de contrats entre l’Etat, la Haute et la Basse Normandie actuelles et l’Ile de France, il a rappelé qu’une mission parlementaire avait été chargée « d’établir une vision stratégique à cinq ans » pour aller encore plus loin.
« Le développement de nos places portuaires passe aussi par une simplification administrative et une réduction des coûts », reconnaissant que l’Etat avait sa part de responsabilités.
« Je souhaite que toutes les entreprises importatrices disposent des mêmes facilités pour le dédouanement par les ports français que celles qui existent dans les autres ports européens », a assuré le chef de l’Etat.
« Il n’y a aucune raison que nous mettions plus de temps que ce qui se fait partout dans le monde », a-t-il ajouté.
Dans son discours devant la CMA-CGM, de même que dans celui qu’il a prononcé au début de sa visite pour l’inauguration de l’Ecole Nationale Supérieure Maritime (ENSM) du Havre, M. Hollande a esquivé la question du projet de canal Seine Nord qui doit relier Paris à l’Europe du Nord par voie fluviale, et dont les élus normands craignent qu’il ne concurrence fortement Le Havre.
« J’aurais souhaité et je souhaite toujours que l’engagement de l’Etat en faveur du projet de canal Seine Nord s’accompagne des mesures nécessaires pour préserver la compétitivité de nos ports de la Manche », a déclaré Edouard Philippe, le député-maire Les Républicains du Havre.
« C’est Le Havre et Dunkerque que la France doit soutenir. Ce n’est pas Anvers qui n’en a guère besoin », a-t-il lancé.
Le député de l’Eure Hervé Morin, tête de liste de la droite et du centre pour les élections régionales, avait fait les mêmes remarques la veille, dans une conférence de presse.